La Rose des Tudor, Tome 2 : Les Amants Rebelles

Elle ouvrit le pourpoint comme une porte à double battant.

— Vous n'êtes pas un assassin, milord.

— Comment le savez-vous ?

— Je n'en suis pas sûre. Mais mon instinct me dit que vous n'avez jamais tué quelqu'un, et que cela vous ferait souffrir si vous le faisiez. Vous semblez être un homme compatissant.

— Compatissant?

Le pourpoint, libéré, tomba en arrière sur la table avec un bruit sec.

— Je ne suis pas un homme compatissant, mais un gredin hardi et effronté. Une brute de premier ordre.

— Une brute.

Elle pinça les lèvres, et une pointe d'humour éclaira sa voix.

— Qui se pâme après une bataille.

Oliver referma vivement la bouche. Ainsi, elle pensait que la crise d'asthme était une pâmoison. Devait-il la corriger, ou la laisser croire qu'il était un couard? Pire qu'un couard. Un homme nerveux, tendre, soumis à ses émotions, efféminé, sentimental. Un pauvre diable au-delà de toute rédemption.

Elle trancha le dilemme pour lui. Elle leva vers lui ses grands yeux couleur de pluie et dit :

— Milord, je ne conteste pas votre virilité.

— Dieu soit loué, marmonna-t-il.

Voyant qu'il l'avait irritée, il prit un air sérieux.

— Continuez.

— Votre conduite aujourd'hui révèle que vous êtes un homme de vrai courage. Pour quelqu'un qui aime le combat, se battre n'est pas un signe de bravoure. Mais pour quelqu'un qui le déteste, c'est une preuve de valeur.

— Tout à fait.

Cette idée lui plaisait. En vérité, il adorait un bon duel ou un bon pugilat. Mais il préférait la laisser penser qu'il avait été contraint de tirer du courage de sa réticence, pour elle.

— Ceci va vous faire mal, dit-elle. L'étoffe de votre chemise est collée à la blessure.

— Je vais essayer de ne pas crier quand vous l'ôterez.

— Vraiment, vous n'êtes jamais sérieux.

Avec précaution, elle retira le linon raidi de sang de la plaie dans son côté. Il sentit une brûlure, puis quelque chose de chaud qui coulait tandis qu'il se remettait à saigner, mais il se damnerait plutôt que de dire un mot. Un homme compatissant, vraiment !

Elle fit passer la chemise par-dessus sa tête et s'en débarrassa. Elle poussa alors une exclamation aiguë, féminine et qui plut beaucoup à Oliver.

— J'adore quand une femme crie à la vue de mon torse nu, plaisanta-t-il.

— C'est une terrible blessure, dit-elle.

— Non, elle saigne juste un peu trop. Nettoyez-la et pansez-la, et je serai comme neuf.

Il espérait qu'en le soignant elle remarquerait que son torse était large et musclé, recouvert d'une toison dorée un peu plus foncée que ses cheveux. Mais la petite sotte n'appréciait nullement son physique. Sa mâle beauté la laissait de marbre. Il se demanda à quoi diable elle pensait.