L'Odyssée d'Hakim, Tome 3 : De la Macédoine à la France

Comme le dis Hakim lui même "c est un très bon moyen de montrer qui nous sommes, les réfugiés". Ce livre nous donne un moyen de comprendre le vécu de ses personnes autrement qu au travers les médias

L'auteur, Fabien TOULME, nous raconte, en préambule, d'où est née l'envie de faire un livre sur « les migrants. » C’est en 2015, lorsque se produit le crash d'un avion piloté par un homme dépressif et qui fait cent cinquante victimes, que l’idée est venue à Fabien TOULME d’écrire un livre sur les migrants. Ce drame horrible a fait la une des médias les jours qui suivent, car l’occidental s’identifie à ces voyageurs qui sont morts et que lui, il aurait pu être un de ceux là. Et puis, en fin de journal télévisé, avant des pubs et des accroches stupides, 400 migrants morts lors de la traversée de la Méditerranée. Devant notamment les questions de ses enfants, Fabien TOULME dit : « J'ai donc eu envie de rencontrer ces gens, de les connaître et de les faire connaître. »

Je commente le tome 3 qui peut se lire uniquement car par un artifice scénariste les tomes sont résumés.Mais ce serait dommage.J'ai aussi lu les deux autres.

Fabien TOULME a pris le parti de décrire la « migration » des Syriens, celle de la très grande majorité de ces gens qu’on appelle : « migrants » et tentent de rejoindre l 'Europe » .C’est l’un d’entre eux : Hâkim qu’il a interviewé pendant un an et demi pour nous transmettre son témoignage.

L’histoire d' Hâkim prend naissance lors de sa vie d’avant où malgré la dictature de Bachar Al_Assad, il est heureux. Chef d’entreprise aisé il va connaître la déchéance sociale, la misère, la solitude et frôler la mort à maintes reprises.

D’abord en danger dans son pays en proie à la guerre civile, emprisonné pour avoir secouru des manifestants au régime, Hâkim choisit de partir dans un pays limitrophe : le Liban, puis la Jordanie, et un peu plus loin la Turquie. A chaque fois, il s’exile mais pas loin, juste le temps d’attendre que la situation en Syrie se calme. A chaque fois, il trouve du travail, travaille même jusqu’à s’assurer une existence correcte mais à chaque fois, le travail pour les étrangers se raréfie et pour subsister et faire vivre sa nouvelle famille, il fuit. En Turquie, sa belle famille et sa femme, de moins de dix huit ans, peuvent rejoindre la France mais pas lui. Ils ont de la famille à Aix en Provence car comme lui, elle a fui la Syrie.

Alors c’est l’odyssée de toutes ces personnes qui fuient leur pays , des personnes qui ont les moyens de le fuir car les pauvres, eux, y restent au péril de leur vie. A chaque fois, les autorités « aident » ces gens à migrer en leur livrant un laisser passer pour quitter le pays et aller ailleurs. A chaque fois, les marchands de détresse se font de l’argent dur la détresse de ces gens qui fuient en vendant par exemple des pneumatiques pour traverser la Méditerranée ou en proposant leurs services à des prix exorbitants.

Mais après être arrivé en France avec son fils Hadi et avoir retrouvé sa belle famille, on pourrait croire que c’est fini. Le livre est terminé mais non ça continue : des tracasseries administratives, le regard des autres, la difficile intégration Mais, il y a des français qui leur ont ouvert leurs bras et leur cœur , ils apprennent le français, Hadi va à l’école et un jour, Fabien TOULME tape à leur porte.

Le dessin est sobre, coloré dans des nuances de bleu et de beige, des personnages bien différenciés aux visages expressifs. J’ai apprécié ainsi que les cartes simples, le tableau explicatif dans le tome 1 des forces en présence dans la guerre civile en Syrie. D’ailleurs la France et les puissances occidentales, la Russie et la Syrie elle-même ne sont elles pas responsables de cet exil qu’ils ont provoqué en prétextant combattre Daesh et en s’immisçant dans la révolution syrienne. Et la Turquie en prétextant pourchasser les « terroristes » kurdes? ça fait beaucoup.

Le thème des réfugiés, tellement d'actualité, est fort bien traité dans cette BD. de façon simple et chronologique, en nous restituant le témoignage fort et touchant de ce jeune Syrien.Fabien Toulmé nous fait entrer dans la vie d'un migrant, ces migrants dont, finalement, nous ne connaissons que peu de choses.

Mais le livre n’est pas terminé, comme le long voyage d'Hâkim Fabien TOULME dans son épilogue fait part du ressenti d'Hâkim déraciné, battant en brèche que les immigrés viennent en France pour bénéficier des avantages sociaux, battant en brèche la nécessité d’une énième loi contre l’immigration, toujours et encore plus dure loi donc contre les immigrés. Le livre de 3 tomes, est sorti en 2019 .

Le livre n’est pas encore fini car il fait le point sur les personnes qu' Hâkim a laissées en Syrie et croisées pendant son périple. Le livre n’est pas fini car il explique le sort de ceux qui sont des réfugiés par l’UNHCR.

Un livre bouleversant qui montre qu’on n’est pas « migrant » parce qu’on le souhaite. Une réflexion sur ces exilés, ces réfugiés qui m’a ulcéré : Pourquoi ne s’arrêtent-ils pas avant d’arriver en France ?

Un livre qui rend triste, désemparé, qui révolte et nous renvoie à la chance d’être né ici en France mais qui nous montre qu’un jour , on pourra être aussi, nous aussi ,un "'Hâkim ".

Et comme le dit Hâkim : « Jamais je n'aurais imaginé que ça m'a arriverait, et je me rends compte que n'importe qui peut devenir un « réfugié»… Il suffit que ton pays s'écroule. Soit tu t' écroules avec, soit tu pars. »

Un roman graphique fort. Puissant. Marquant. Émouvant. Profondément réaliste et bouleversant.

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Me voilà à la fin de L'odyssée d'Hakim, ce dernier étant enfin arrivé en France avec son fils. Mais avant cela, il lui aura fallu quitter la Grèce, traverser la Serbie, la Hongrie, l'Autriche et la Suisse. Camp de réfugiés déplorable, xénophobie et irrespect, faim, froid, précarité, peur au ventre n'en seront finalement pas venus à bout de son courage et de sa ténacité.

Ce troisième tome est aussi émouvant et éprouvant que les deux premiers, avec des passages durs et bouleversants, à fendre le cœur. Tout au long de ma lecture, je n'ai pas cessé de me poser toujours la même question : à sa place, aurais-je pu supporter ne serait-ce que la moitié de ce qu'il a vécu ? Je ressors de cette odyssée touchée au plus profond de mon être. Je savais que ces personnes avaient vécu un calvaire, et continuent de le vivre au quotidien pour la plupart, mais je n'avais pas imaginé qu'ils avaient en fait vécu bien pire. Au sortir de cette lecture, je me suis sentie idiote et ignorante, davantage pleine de compassion pour ces personnes qui ont tout perdu, vécu le pire, et qui sont souvent traités comme des intrus, ce qui ne les aide en rien à s'intégrer dans un pays où ils ont déjà tout à apprendre.

La façon dont les migrants sont traités dans les camps de réfugiés (en Hongrie notamment) m'a révoltée, sans parler de ce qu'Hakim appelle le "business de la détresse", totalement abject, ou encore des regards et des réflexions des autres. Tout ça m'a tantôt mise dans une colère noire, tantôt émue aux larmes. Heureusement qu'il y a des gens bienveillants qui croisent leur chemin, prêts à les aider en fonction de leur moyen, comme ce vieux monsieur qui offre spontanément un bonbon au petit Hadi tout en tendant un paquet de couches à Hakim. Heureusement qu'il y a une forme de solidarité entre les migrants, se serrant les coudes alors qu'ils ne se connaissent même pas, parce qu'ils partagent le même calvaire, la même détresse, le même désespoir. Je me suis retrouvée dans un récit qui raconte l'impensable, tout en étant plein d'humanité et de cœur.

Il est impossible de sortir indemne de cette lecture à la fois captivante et bouleversante, pleine de désespoir et de bienveillance, qui joue au yoyo avec nos émotions. Fabien Toulmé a fait un travail formidable. Son projet de « retranscrire en BD le témoignage d'un réfugié pour comprendre les mécanismes qui amènent quelqu'un à quitter son pays, malgré les risques et difficultés que cela représente » est une totale réussite. Et c'est même plus que cela puisqu'il nous touche en plein cœur.

J'ai ressenti tout ce qu'Hakim a ressenti et suis passée par toutes sortes d'émotions, de la colère à la peur, du découragement à la lumière au bout du tunnel, des larmes de désespoir aux larmes de soulagement. L'odyssée d'Hakim, dans son ensemble, est éprouvante. La vie au camp de réfugiés est particulièrement révoltante (j'ai encore du mal à croire qu'on puisse traiter des êtres humains ainsi de nos jours, clairement on ne vaut pas mieux que les nazis...). Les retrouvailles familiales, quant à elles, sont particulièrement touchantes et carrément bienvenues.

L'histoire d'Hakim se termine plutôt bien, sa famille et lui sont désormais réunis et en sécurité. L'intégration en France n'est pas facile, notamment à cause de la barrière de la langue. Il trouve les Français accueillants, et si on nous compare aux Hongrois, je veux bien le croire... Son odyssée a duré trois ans, il a vécu mille dangers et a vu la mort de près plus d'une fois. Je ne peux que lui souhaiter une vie heureuse et plus paisible, ainsi qu'à tous les siens, et de trouver l'argent nécessaire pour monter sa pépinière et exercer le métier qui le passionne tant.

Une fin d'histoire très émouvante ! J'ai beaucoup aimé !

Ce dernier tome conclut une trilogie bouleversante qui m'a fait beaucoup réfléchir et a certainement fait évolué mon point de vue sur la situation dramatique et la crise migratoire de ces dernières années.

L'auteur a parfaitement atteint son objectif : en désanonymisant les migrants, il a réussi à toucher la corde sensible du grand public et l'a amené à revoir son jugement sur les migrants, demandeurs d'asile ou simplement de passage dans notre pays.

Cette série de BD devrait faire partie des 1ers cadeaux à offrir à Noël, aussi bien aux enfants et adolescents qu'aux adultes.

Enfin, merci beaucoup à l'auteur et à Hakim et sa famille pour leur très beau et profond travail et je ne peux que leur souhaiter une belle vie en France, à l'avenir.

Une BD d'une intelligence rare , poignante , sans pathos , éclairant l'histoire contemporaine d'un peu d'humanité.

Merci Fabien Toulmé. C'est tellement nécessaire. Trilogie bouleversante qui m'a eue aux larmes (et pourtant, elles ont souvent du mal à venir ! Je pleure rarement !).

Magnifique <3