Ariane

Une lecture assez peu attachante (je n'ai lu que les dialogues et quelques vagues passages descriptifs à partir de la page 150), mais qui a eu le mérite de me rappeler les détails du mythe de Phèdre et d'Ariane (du moins les détails d'une version possible de ces mythes). La plume n'a rien d'exceptionnel, toutefois les personnages sont attachants d'une certaine manière, en particulier Phèdre et Ariane dont on suit les points de vue. J'ai beaucoup apprécié l'angle d'analyse de la mythologie présentant les femmes comme des victimes constantes des actions des hommes et des dieux.

En bref, lecture parfois intéressante mais malheureusement peu marquante.

Ce livre réinvente avec finesse la célèbre figure mythologique. Ariane commence par l’évocation d’un homme, mais se termine en hommage aux femmes. Dès les premières pages, l’histoire d’Ariane m’a frappée par sa portée féministe et son réalisme : elle retrace la transformation d’une jeune fille naïve en une femme résolue, dévoilant la part d’ombre des héros et des dieux de l’Olympe.

Le livre révèle la souffrance et les sacrifices souvent ignorés derrière les légendes, mettant en lumière le prix que les femmes doivent payer pour la colère et les caprices des puissants. La narration, entrecoupée par la voix de Phèdre, rend le récit encore plus poignant et explore les injustices que les femmes doivent surmonter dans un monde où le pouvoir est sans pitié.

Une citation, particulièrement forte, m’a marquée : "Je serais Méduse, s’il le fallait. Si un jour les dieux me tenaient pour responsable des péchés de quelqu’un d’autre, s’ils venaient pour me punir des actions d’un homme, je ne me cacherais pas comme Pasiphaé. Je porterais cette couronne de serpents et le monde reculerait devant moi."

Voici enfin la dernière chronique de ma première lecture du mois de septembre. Il faut bien un premier et un dernier pour tout, pas vrai ? Une réécriture de mythe, me diriez-vous ? J'aime tout ce qui touche aux Dieux et Déesses grecques et même un peu plus que cela, mais il est vrai que cela fait bien longtemps que je n'avais pas mis le nez dans quelque chose de ce type. Ariane n'est pas forcément celle dont on se souvient le plus, entre les exploits de Thésée contre le Minotaure et la jalousie de cette chère Héra, elle passe un peu pour la mal-aimée, comme la plupart des femmes de peu ou pas de pouvoir. Ariane, fille de Minos, un roi craint par toute la région à cause de son "fils" Astérion, devenu le Minotaure, et de Pasiphaé la reine quelque peu déchue par l'outrage qu'elle a fait subir à son époux, je m'égare. Bref Ariane joue un rôle important dans l'histoire de la mort de son frère le minotaure, dans la libération des futurs enfants prêts à être dévorés par ce même frère et dans la libération de Thésée venu sauver les siens. Pour ceux et celles qui connaissent bien les mythes, l'auteur prend, non pas des raccourcis, mais des chemins qui s'approchent de ce que la population imagine. Bien des idées vont et viennent, de nombreuses destinées se mêlent sans pour autant avoir la vérité. C'est ce qui fait qu'une histoire devient un mythe ou qu'une légende née de faits réels se voient enrobées de plus ou moins belles dentelles afin d'avoir une envie de voir par nous-même ce pan de l'Histoire.

Je ne parlerais pas de ce que l'auteur a imaginé pour Ariane, car cela vient de ce qui se dit un peu partout et de as propre imagination. Bien des événements vont la changer, vont lui montrer que le monde tel qu'il est n'est pas aussi blanc qu'elle ne le croyait. Une princesse, obligé de se marier pour que son père puisse récupérer un matériau riche, pour asseoir sa soif de pouvoir encore plus que par la terreur. Ariane est un personnage féminin tout en douceur, un peu fleur bleue, un peu trop qui va perdre son innocence face à de grands yeux verts. Une femme qui, par les obstacles et les épreuves mis sur sa route vont la forcer à vivre recluse, mais pas au point de ne plus sourire. Sa constance, le fait de ne pas vouloir montrer son bonheur trop fort de peur de voir quelqu'un venir le lui prendre est quelque chose de tangible. Tout ce dont l'auteure peut indiquer dans le récit peut se transposer à notre réalité, à notre propre vie. Oh je ne parle pas des Dieux, mais du pouvoir que certains hommes ou femmes influents peuvent avoir sur les autres. La jalousie peut en faire des choses vraiment pas jolies ! La rancune, le besoin de reconnaissance, le bonheur simple d'une promenade sur la plage ou l'envie d'avoir tout pour soi au risque de tout perdre. Tant de thèmes abordés qui ne peuvent pas être mis de côté et dont nous en avons plus qu'un aperçu. En ces temps anciens et peut-être pas si lointain, les autels existaient, les traces n'étaient pas uniquement fait de coupe rempli de vin, et l'envie d'avoir du monde à ses pieds est encore un rêve pour quelques poignées de fanatiques.

L'histoire est intéressante, car elle m'a permis de voir autrement la vie d'une femme à cette époque, si nous enlevons les Dieux dans l'équation. La place de la femme a changé depuis, enfin parfois, mais elle a toujours ce don en elle : celui de donner la vie et d'avoir ce pouvoir sur son propre corps. Ariane a été chamboulé, a cru voir sa mort arriver pour revenir tel un phœnix. Bien entendu la peur de voir cette vie s'effondrer est bien légitime, surtout lorsque l'on dépend d'un autre, mais plus le temps passe et plus elle grappille les miettes de bonheur pour ne vivre qu'au travers de sa famille, de ses enfants. Peut-être aurait-elle dû se poser plus de questions, mais après ce qu'elle a déjà vécu, le bonheur simple de ce qu'elle a pu construire lui suffit, jusqu'à ce qu'un élément perturbateur vienne. Je parle de sa sœur, Phèdre. Elle n'est pas méchante, sa jeune sœur, mais elle a gouté au pouvoir. Et ce pouvoir, qui ne semble pas lui avoir monté à la tête l'oblige à détourner le regard de ce qu'elle aurait dû. L'apparence... Le masque qui cache la vérité, l'arbre devant la forêt, tant d'expressions qui veulent dire la même chose : tout le monde cache quelque chose, de bon ou de mauvais, mais nulle ne peut être vrai, véritablement. Je dois tout de même admettre que j'ai eu du mal avec le début du livre, avec la manière dont Ariane, Phèdre, Pasiphaé sont mises en avant et puis dès que le sac est posé sur le sable avec cet acharnement par une masse j'ai été happé, totalement.

La danse d'Ariane, Dédale et ses secrets, Phèdre et son caractère, Thésée et ses manières fourbes, Dionysos qui reste le plus humain au final, ou presque... Et j'en laisse volontairement de côté, comme Hyppolyte et ce destin. Tant de personnages qui vivent avec passion, avec peur, avec désir. Ce mythe revu par le côté féminin, par Ariane, puisque nous commençons et finissons avec elle, mais aussi par Phèdre, qui a également sa voix. Des Dieux qui jouent avec des vies humaines, par jalousie, par envie, par solitude aussi. Les souffrances des uns font la joie des autres, cela a toujours été ainsi et nous aurons beau faire, cela existera toujours. La détresse, la peur et l'espoir sont des émotions humaines et lorsqu'un dieu le ressent, il fait tout pour le cacher, pour ne pas le montrer cette faiblesse. Vivre éternellement, sans craindre pour sa vie ne vaut pas le coup, nous le comprenons très bien avec Dionysos qui nous donne quelques leçons de vie malgré tout. Il aime de tout son cœur, il ne cache pas ses émotions et ses envies bien que croissantes, il revient toujours. J'ai imaginé pas mal de choses pour les personnages masculins du départ et j'en reste sur ma première position de ceux que j'ai adoré et de ceux qui méritent un châtiment. L'auteur ne les pointe pas du doigt, elle montre les faits imaginés et nous laissent avec ça entre les mains, à nous de décider de ce que nous en feront. Côté Dieux, nous en avons une petite panoplie, les plus connus, les plus vindicatifs, les plus hautains aussi, mais en face nous avons les femmes, les princesses, les reines, les déesses, les ménades, les servantes, toutes celles qui ont besoin de temps, d'amour, d'amitié, de travailler, de sauver soi-même ou un autre.

Ariane et Phèdre sont sœurs, tellement différentes et pourtant si pleines d'espoir. Il suffit d'un rien pour éteindre la lumière en elles, il suffit d'un regard pour comprendre que la vie ne sera plus pareille, telle la couronne de Dionysos dans le ciel. Cet amour de la famille est important, plus fort que tout, passe au-delà des disputes. Quant à Minos, son esprit si fort ne le sauvera pas comme il l'aurait voulu. Bien des hommes forts ont cru être tout puissant, nombre d'entre eux sont devenus cendres. Les liens créées sont forts et seuls des Dieux seraient capables de les défaire, à défaut la mort. J'en reviens à la jalousie qui est très présente et sera la perte de bon nombre d'entre eux, sans compter l'amour à sens unique qui malheureusement ne sera pas bien perçu.

En conclusion, un mythe que j'ai beaucoup apprécié lire pour en savoir plus sur le destin de cette femme Ariane qui a été l'instigatrice de la chute du minotaure. Tour à tour trahie, déçue, aux portes de la mort, elle va revivre et devenir une femme accomplie. Ses nombreuses rencontres font ce qu'elle est devenue, une mère, une amante, une sœur ayant peur pour les siens. Bien que le récit soit à deux voix, elle et Phèdre, nous comprenons vite ce choix de l'auteure, car sans Phèdre, qui pourrait nous montrer que certains hommes sont égoïstes dans cette histoire ? Ce n'est pas une histoire douce, elle parle de sujets de société qui sont nombreux, tels la mort, la naissance, la famine, le pouvoir, la dépression et tant d'autres encore. Une belle plume entrainante qui a su m'embarquer dans ce mythe qui a des accents de vérité : les femmes et leurs pouvoirs, la place qu'elles ont dans la société, le caprice des hommes pour un morceau de terre plus grand, les sacrifices de chacun... Bien au-delà du mythe de Thésée et du minotaure, nous avons entre les mains une véritable ode à la femme dans l'Histoire.

http://chroniqueslivresques.eklablog.com/ariane-jennfier-saint-a216347601

« Sans plus ». C’est ce qui ressort de cette lecture. J’ai trouvé le roman intéressant, mais un peu plat. Il retranscrit le mythe de manière plutôt fidèle et met en avant un point de vue féminin intéressant, mais le souci pour moi, c’est que l’autrice ne prend pas suffisamment de risques. Le roman n’apporte rien de nouveau, il n’y a pas ce petit « truc » qui permet de sortir le livre du lot.

Après, on ne peut nier que le roman a une certaine force, et elle réside dans ses personnages féminins. Elles sont au premier plan, leurs relations amoureuses sont racontées sans être surexploitées (ce n’est pas une romance, mais bien un récit mythologique), et l’alternance entre les points de vue de Phèdre et d’Ariane est également très intéressante. Elle permet de confronter deux aspects de la femme : d’un côté l’épouse, la mère tout en douceur, et de l’autre la femme amoureuse, passionnée, dure, qui n’accepte pas la maternité. Les deux sont présentés comme étant forte, bien que différemment, mais également fragiles… Autant de représentation qui manque souvent dans les récits mythologiques et que j’ai pris plaisir à trouver ici.

Bref, cet ouvrage a d’indéniables qualités, mais elles ne suffisent hélas pas à le faire sortir du lot des réécritures mythologiques. C’est dommage, mais en voulant faire quelque chose de très fidèle au mythe d’origine, l’autrice fait tomber ses lecteurs dans l’ennui, dommage…

Note : 15/20 (presque un coup de cœur, mais une fin médiocre)

Jennifer Saint revisite le mythe d'Ariane en mettant en avant la voix féminine dans cette histoire classique.

Points forts :

- Réécriture mythologique : Saint donne une nouvelle perspective à un personnage souvent négligé dans la mythologie grecque. Ariane devient un personnage fort, confronté à la trahison, au pouvoir, et à la survie.

- L'écriture élégante : Le style de Saint est captivant, avec des descriptions poétiques qui enrichissent le cadre mythologique.

- Thèmes féministes : Le roman explore la lutte des femmes dans un monde dominé par des dieux et des hommes, un message pertinent et puissant.

Points faibles :

- La fin décevante : La conclusion du roman est jugée médiocre et surréaliste, rompant avec le ton plus réaliste et dramatique de l’histoire. Cela affaiblit l’impact émotionnel du récit.

- Rythme inégal : Certains passages semblent traîner en longueur, tandis que d'autres, notamment la fin, sont trop précipités.

Avec une note de 15/20, Ariane est une réécriture prometteuse et riche en émotion, mais la fin ratée empêche le roman de devenir un véritable coup de cœur.

Une histoire profondément féminine et fataliste. J'ai beaucoup aimé le contraste entre les deux soeurs et leur relation. Avoir des chapitres sous le point de vue de Phèdre apporte un vrai plus à l'histoire d'Ariane mais aussi à la sienne.

Il me manque un petit quelque chose pour un faire un coup de coeur, peut être au niveau de l'attachement aux personnages qui n'est arrivé pour moi que vers la fin.

Ce livre est incroyable !!

Il reprend sans pour autant déformer la mythologie grecque. Ou en tout cas, il n'y avait pas de grosse incohérence, ou d'élément qui m'ont choqués. Au contraire, il y a des passages qui sonnent presque comme des exposés : on dirait que l'autrice récite sa leçon.

Excepté ces paragraphes peu naturels, l'histoire est bien narrée. Il y a quelques changements de points de vue, bien menés.

J'adore le fait que le livre met en avant des personnages féminins, qui souvent oubliés par la "grande" histoire et qui se font manipulés/utilisés par les hommes mais qui arrivent à se défaire de leur influence.

Spoiler(cliquez pour révéler)Je trouve ça triste que Dionysos se révèle être comme les autres hommes (Poséidon, Zeus, Thésée), alors qu'il était LE dernier espoir. C'est comme si la morale du livre était que tous les hommes sont pourris.

Et est-ce que je suis la seule à trouver que Phèdre a eu ce qu'elle méritait ?

Tout d’abord, je tiens à souligner que l’objet livre est ravissant, les couleurs, les motifs etc.

J’apprécie le fait qu’ils aient mis avant la lecture les triggers warning qui sont quand même pas mal nombreux.

Amoureuse des mythologies que je suis, j’ai retrouvé le mythe d’Ariane et pleins d’autres d’ailleurs dont celui de Phèdre et etc. Cependant, vu le contenu, je n’aurais pas nommé ce livre « Ariane » mais « Ariane et Phèdre » car les deux mythes sont présents et l’intrigue est basée dessus. Selon moi, ce livre est une réécriture de ces deux mythes en citant d’autres en arrière plan.

Petite précision : j’ai vraiment apprécié la relation Ariane - Phèdre et son évolution.

J’ai beaucoup aimé le message délivré qui est celui que les femmes payent les erreurs et les comportements mauvais des hommes dans la mythologie. C’est clairement une réécriture féministe. J’avoue que j’ai savouré le retour du bâton d’un des personnages qui, clairement, l’a plus que mérité.

Je ne suis pas déçue mais plutôt mitigée. J’ai beaucoup aimé les évolutions des protagonistes mais certaines de leurs réactions m’ont paru illogiques vu leurs caractères et leurs passifs. Je m’attendais vraiment à d’autres réactions à certains moments clés des mythes racontés.

En conclusion, la plume de Jennifer Saint est magnifique, vraiment je l’adore, mais ce n’est pas la meilleure réécriture que j’ai lu (et bon dieu que j’en ai lu…).

Un livre sympa mais pas renversant ! Je pense qu’il souffre malheureusement de la comparaison avec d’autres livres récents qui ré-exploitent les mythes grecs. J’ai apprécié les deux personnages principales et la façon dont elles s’opposent pour présenter des destins différents mais pourtant semblables. Je pense que la psychologie d’Ariane aurait gagnée à avoir plus de profondeur, je suis un peu frustrée de ne pas mieux la connaître. Je pense que c’est une remarque que je peux étendre à l’ensemble du roman, les événements sont intéressants en soit mais j’ai l’impression qu’on ne fait qu’effleurer la surface des choses.

En tant que telle, cette réécriture est réussie et exploite à fond l'histoire d'Ariane, en essayant de se concentrer, comme le promet l'auteure, sur les figures féminines qui ont marqué ce mythe.