L'île des femmes de la mer

Un livre axé vraiment sur la femme avec plein de parallèle. Ce n'est clairement pas mon style de lecture habituel mais ça change de temps à autre.

Je dois lire qu'en commençant ma lecture, je ne m'attendais pas - mais alors pas du tout - à tomber sur une pépite. J'avais déjà lu des histoires de ce style, mêlant passé et présent, mais je dois dire que celle-ci a une une résonnance particulière pour moi. On suit l'histoire de Young-sook et de Mi-ja. Deux amies, des sœurs de cœur, qui vont voir leur destin basculer à tout jamais.

J'ai aimé suivre les mémoire de Young-sook. Son histoire m'a énormément touchée et bouleversée. J'ai aimé son univers : en apprendre d'avantage sur les Haenyo, l'histoire de Jeju mais surtout sur les liens familiaux. J'ai aimé sa force, sa résilience, son dévouement pour sa famille mais également ses faiblesses. On partage sa douleur, sa perte, sa colère et sa rancœur. On parte ses rires, ses joies et ses peines. Les événements qui sont narrés dans ce roman m'ont littéralement retournée... Je n'étais pas prête à tant de noirceur et de brutalité, mais également à tant d'amour et d'espoir.

L'écrire est magnifique, poétique, tout comme on l'aime. La plume de l'auteur est fluide, bien dosée, sans être trop pédagogique sur les bords. J'ai apprécié qu'elle nous donne les informations dont on a besoin afin de mieux comprendre l'univers des Haenyo, de Jeju, de l'occupation Japonaise ou encore de l'univers marin sans trop nous abreuver de détails. Et pourtant, ce n'était pas évident ! Donc je dis chapeau !

Les personnages sont en demi-teinte dans cette œuvre. Soit on les aime, soit on les déteste. Mais parfois, on les déteste puis on finit par les aimer à nouveau. Ou on les aime, pour finir par les détester à la fin. J'ai aimé cet aspect psychologique d'ailleurs. Le fait que tout ne soit jamais noir ou blanc, et je pense que Mi-ja et Young-sook sont la représentation même de ce propos.

Pendant toute ma lecture, j'ai eu un avis très tranchée sur Mi-ja, influencée par notre narratrice, mais j'ai adoré le fait que l'auteur nous pose un vrai questionnement et qu'on puisse revoir notre jugement. Pareil pour Yoo-chan, Joon-lee ou encore Doe-sang(la mère de Jun-bu).

Les thèmes abordés sont très poignants. On parle ici : d'amitié, d'amour, de loyauté, de peur, de mort, de vie, de colère, de jalousie, de rancœur, de famille et d'espoir. Tout cela mêlé à un univers de guerre, de massacre, de méfiance et d'obscurité.

Il est difficile de parle de cette œuvre sans spoiler, donc je vais m'arrêter ici. Mais ce livre vaut vraiment le détour !

Un petit coup de cœur pour ce roman.

C'est une histoire très riche en émotion, souvent dramatique, très dense, dans laquelle il se passe beaucoup de choses.

J'aime beaucoup la plume de cette autrice, je trouve qu'elle nous embarque facilement dans ses histoires et finalement j'ai souvent eu l'impression d'être sur cette île de Jeju avec ces femmes.

A nouveau un roman qui parle de l'histoire de la Corée et notamment des haenyeos dans une fresque "familiale" féminine comme sait les écrire Lisa See.

L'amitié de Young-sook et Mi-ja nous attire dans l'univers des haenyeos de l'île de Jeju, ainsi que de son Histoire qui se distingue en partie de celle de la Corée continentale.

Il est intéressant de voir leur évolution en tant que fille, femme, mère, matriarche, plongeuse..., leur amitié qui se transforme en rancœur, absence, haine de soi-même. Ces deux héroïnes sont plus que des amies, elles sont des sœurs Spoiler(cliquez pour révéler)que les événements de la vie ont rapproché, séparé, puis retrouvé dans le pardon.

L'écriture de Lisa See est prenante et émotionnellement forte, l'auteure m'a tenu en haleine jusqu'au bout, et j'ai pleuré jusque dans ses dernières lignes. J'ai vécu à travers cette écriture, j'ai partagé un bonheur amicale et des tragédies familiales.

Avec ce roman j'ai appris beaucoup sur les haenyeo ces plongeuses de l'île de Jeju (Corée), qui font vivre leur famille tandis que les hommes s'occupent des enfants. On découvre la vie difficile sous occupation japonaise, les enrôlements de force de jeunes hommes dans l'armée pendant la Seconde guerre mondiale, puis l'arrivée des Américains et les massacres ayant suivis. Un coup de coeur.

L'île des femmes de la mer de Lisa See est le seul roman que j'avais sélectionné lors de la masse critique organisée par Babelio, c'était celui qui me tentait le plus, celui que j'avais envie de lire depuis sa sortie. J'étais donc heureuse d'apprendre que j'allais le recevoir, le dévorer et le chroniquer. De plus, cela faisait longtemps que je voulais lire un roman de Lisa See et c'est aujourd'hui chose faite!

J'avais eu un gros coup de coeur pour le roman Filles de la mer de Mary Lynn Bracht dans le même genre, qui mettait aussi en avant les Haenyeo, ces femmes de la mer, bien que L'île des femmes de la mer est plus centrée sur elles alors que Filles de la mer se concentrait sur un autre sujet, notamment sur les femmes de réconfort pendant la Seconde Guerre Mondiale. Récemment, j'ai vu un documentaire sur ces fameuses femmes de la mer dont la pratique traditionnelle est encore présente bien que cela se perde avec le temps. Rien que ce documentaire m'a donné envie d'en savoir plus sur elles.

Que sont les Haenyeo de manière générale? Ce sont des femmes de tout âge, originaires de l'île de Jeju, au Sud de la Corée. Elles sont connues pour être de grandes plongeuses en apnée, courageuses et impressionnantes qui pêchaient pour nourrir leurs familles pendant que les hommes s'occupaient des enfants, malgré les très nombreux dangers de la mer. Elles sont représentatives d'une structure matriarcale sur l'île. Dans L'île des femmes de la mer, nous suivons la vie de Young-Sook et Mi-Ja, deux grandes amies, presque des sœurs, des Haenyeo des années 30 à 2008. Et quelle histoire!

Ce roman est une vraie mine d'informations! On sent vraiment que l'autrice s'est documentée, qu'il y a un vrai travail derrière pour que ce soit le plus réaliste possible et c'est tellement enrichissant! J'ai tellement appris sur les Haenyeo de jadis et celles d'aujourd'hui. J'ai pu voir l'évolution de cette pratique au fil du temps. J'aime le fait que ces femmes aient porté leur famille à bout de bras, qu'elles aient toujours gardé un lien avec Mère Nature, qu'elles ont maintenu l'équilibre en ne prenant que ce qui était nécessaire à la survie malgré les difficultés, qu'elles aient risqué leur vie pour prendre soin des leurs. J'ai apprécié cette solidarité entre femme de toute génération et de tout statut, cette transmission des valeurs et traditions de génération en génération. C'est quand même fou de savoir que cette pratique est désormais inscrite au patrimoine culturel immatériel de l'Humanité de l'Unesco!

C'est aussi l'aspect historique qui m'a plu. Je ne suis pas très coutumière des épisodes de guerres et des événements dramatiques en Corée, en Asie de manière générale mais je commence vraiment à m'y intéresser. J'ai donc été ravie d'avoir les contextes suivants : l'avant/pendant/l'après Seconde Guerre Mondiale, la Guerre de Corée et un certain Incident du 3 avril qui fit des centaines de morts (de nombreux innocents tués). Ce fut très instructif et j'ai désormais hâte d'en savoir plus, je vais m'y intéresser de plus près.

Ce roman prend aux tripes, est émouvant même si pour ma part, je regrette de ne pas avoir au moins versé une petite larme et il y avait quand même un manque de rythme, pas mal de longueurs. C'est une lecture incroyablement féministe et inspirante, un récit à la fois beau et cruel. C'est une histoire de famille, d'amour, d'amitié, de survie, de valeurs, de traditions, de pertes, de douleur, de religions, de morts et de vie.

En bref, j'ai beaucoup aimé ma lecture avec laquelle j'ai tant appris, qui m'a inspiré, qui m'a fait voyager. Je ne regrette pas l'aventure! C'est le premier roman de Lisa See que je lis et je compte bien ne pas m'arrêter là, plusieurs de ses titres attendant bien sagement dans ma PAL. Belle découverte!