Commentaires de livres faits par MissFantastique
Extraits de livres par MissFantastique
Commentaires de livres appréciés par MissFantastique
Extraits de livres appréciés par MissFantastique
Ce recueil est une invitation à l'émerveillement, à s'émerveiller de ce qui fait l'essence de la vie, la nature dans ce qu'elle a de plus vrai et de plus splendide.
Regarder la nature, la regarder vraiment, se montrer sensible au ruissellement de l'eau sur une branche d'arbre, prêter l'oreille au chant des oiseaux, plisser les paupières d'extase lorsqu'un rayon de soleil vient crever le ciel, lever les yeux pour admirer les multiples formes des nuages et parfois se tourner vers le sol pour en admirer la surface craquelée et les multiples ondulations de l'herbe au gré du vent.
Ce recueil nous laisse songeur.
Les mots sont vaporeux, ils semblent parler une autre langue que la nôtre, une langue mystérieuse, impénétrable pour la raison mais tout à fait audible pour l'âme et le cœur, la langue des oiseaux sans doute, celle des merles à n'en point douter.
Il s'exprime dans un langage presque divin, divin en ce qu'il nous échappe, où on semble retrouver dans chaque parole les stigmates de notre propre existence, échos de nos souffrances et de nos joies propres.
Tout est vie et tout est souffrance en un seul recueil, des figures qu'il célèbre aux chats qu'il observe.
Les mots ne décrivent pas, ils ressentent, il est peut-être là le secret du recueil, de là découle cette sève dont on se nourrit au fil des pages.
Les mots ne racontent pas une histoire, ils chantent, bercés par les partitions harmonieuses de la nature.
Les mots ne sont pas utiles, ils sont le déversement d'une pensée sur du papier, ils sont les larmes à l'encre noir sur le manuscrit, ils sont la sensibilité déchirante à travers la plume.
Christian Bobin nous fait renouer avec ce qu'est la grande vie, et qu'est-ce que la grande vie sinon la poésie ? La contemplation, cette appréciation sincère du monde qui nous entoure et de ceux qui le compose, l'attention portée à la nature et à sa beauté, mais aussi à cette vie qui nous broie et nous sublime dans un même geste assassin et créateur.
Dans l'écriture aérienne se glisse nos réflexions, et bientôt le recueil nous met face à notre propre inconscience du monde dans lequel nous vivons. Il nous extirpe par la même occasion de nos tourments et des agitations pour nous proposer de regarder autrement, de respirer et de ressentir : tout est là, à porter de main, le soleil, les oiseaux, les sens, la gaieté et la souffrance, l'écriture enfin.
Une citation m'a particulièrement marquée en début de recueil, elle concerne l'écriture et ce qu'elle est vraiment, cette injonction à écrire c'est la souffrance qui nous y conduit, ainsi il dit :
"Ecrire l'inconsolable engendre une paix, comme une lampe qui tourne et propose ses ombres chinoises à l'enfant au bord de s'endormir. Quand je pense aux gens que j'aime et même à ceux que je n'aime pas, quand j'y pense vraiment, les bras m'en tombent. La vie s'approche de nous. Elle guette le moment favorable pour frapper, puis, à chacun, elle lance : chante, maintenant. Vas-y, chante. Ecris. "
J'entends dans cette citation l'injonction qui s'impose à nous comme une évidence, chanter le désarroi, écrire l'indicible, écrire pour ne pas mourir, chanter la douleur parce qu'il ne s'agit que de cela au fond.
Ecrire c'est se montrer attentif, regarder, ressentir.
Ecrire c'est coucher sur le papier la sensibilité de l'être écorché vif alors que le sang coule encore.
Lu dans le cadre scolaire, cette lecture s'est avérée être des plus agréables, bien que complexe et parfois trop longue à certains passages.
En accord avec la nature romantique de la pièce, les nerfs de cette dernière ne sont autres que l'amour et l'honneur, deux termes qui ne feront que torturer les personnages de cette oeuvre.
Parmi eux on compte le formidable personnage éponyme, Hernani, qui incarne le héros romantique par excellence héros romantiques, follement amoureux et maudit, la belle et courageuse Dona Sol,
Si les personnages sont très intéressants dans leur évolution, ils nous permettent aussi de plonger au cœur de l'Espagne de la Renaissance, où les enjeux politiques tiennent une place majeur, tout en nous offrant une intrigue palpitante fondée sur un amour impossible et une soif de vengeance insatiable, et dont le dénouement aussi tragique qu'inévitable nous renvoie directement au genre de la pièce : le drame romantique.
Ainsi, Hugo nous démontre une fois de plus son incroyable talent par le biais d'une oeuvre à la richesse littéraire exceptionnelle, un classique qui aura marqué des générations de lecteurs.
Je suis donc tombée amoureuse de ses livres, à commencer par celui-ci.
Pour ma part, j'appelle ce genre d'ouvrage une "nouvelle philosophique", bien que je doute de l'existence de cette expression, et, de la même manière que le conte philosophique, cette dernière nous apporte une réflexion sur la vie, sur notre manière de vivre, que se soit avec nous même ou avec autrui.
Dans cette nouvelle, le personnage de Monsieur Ibrahim va prendre sous son aile bienveillante le jeune Momo, qui, un peu comme nous je pense, ne fait plus confiance aux gens, au monde, à la vie et qui se renferme sur lui-même.
Alors il va lui apprendre à sourire, à rire, à donner plus que de ne recevoir, à être tolérant et même à voyager, en sommes, il lui apprend à vivre : un véritable parcours initiatique que nous lecteur, suivons avec autant d'assiduité et de bonheur que Momo.
Ainsi, Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran s'inscrit dans la longue lignée des lectures dont on ne peut pas sortir indemne, qui change notre manière de voir le monde et de l'appréhender, et pour moi c'est ça Schmitt, c'est ce don, ce pouvoir presque, d'atteindre notre esprit et notre cœur avec des mots simples, d'une justesse sans égale, et d'y laisser une trace indélébile.
C'est très simple, tout dans ce roman m'a plu, absolument tout.
Tout d'abord il y a le formidable Georges Duroy, qui m'a tantôt charmée tantôt dégoûtée, mais que j'ai surtout admiré, notamment pour sa capacité à atteindre ses objectifs, par le biais de méthodes plus ou moins louables.
Outre le personnage principal, les personnages secondaires étaient tout aussi fascinants, et particulièrement les femmes dont la vivacité et la finesse d'esprit sont mises en lumière, faisant d'elles les grands maîtres d'un jeu dangereux : celui de l'argent.
Et c'est précisément là que l'auteur entre en scène, nous apportant sa connaissance sur cette société parisienne où le journalisme, voie gangrenée jusqu'à la moelle par une quête de profit insatiable, devient un extraordinaire vecteur d'ascension sociale pour les plus misérables vermines.
Parmi elles on compte justement Georges Duroy, dont les seules véritables préoccupations restent la recherche de profit, l'élévation sociale mais aussi la satisfaction sexuelle, un portrait dégradant qui ne fait que mettre en exergue le genre d'individu qu'était ces fameux journalistes.
Sans compter que ce roman renferme également une réflexion sur la mort, ou plutôt sur la peur de mourir, comme pour nous rappeler que, quelque soit notre statut et notre fortune, la mort n'épargne personne.
Ainsi, en nous plongeant au cœur d'un Paris qu'il connaît mieux que personne, et qu'il nous décrit avec une exactitude et une précision hors du commun, Maupassant dénonce avec force les dérives de cette société parisienne en mettant l'accent sur un journalisme corrompu, le tout servi par des personnages hauts en couleur.
Un fabuleux classique de la littérature française, à lire absolument.
En soit, l'intrigue principale est bonne, et l'idée de plonger nos personnages préférés au cœur d'une ville inconnue était très intéressante, cependant elle a été plutôt mal exploitée par l'auteur. En effet, l'histoire semble se répéter éternellement, on tourne vite en rond et même les personnages perdent de leur charme : on se lasse de leurs personnalités qui font d'eux des caractères très stéréotypés (la fille un peu gauche, la bimbo, la gothique, le sportif, le râleur, le beau gosse... etc) dont l'évolution est un peine perceptible ! En sommes ces personnages n'ont presque pas changé d'un iota depuis le début de la série, ce qui me chagrine...
Sans compter que si ce nouveau roman annonçait les 200 pages, elles s'apparentent plus à du simple verbiage, tant et si bien que nous, lecteurs, pourrions nous passer de ce tome où les rebondissements ne sont malheureusement pas au rendez-vous.
Dans l'ensemble ce livre se laisse tout de même dévorer, par sa brièveté notamment, mais aussi par la bonheur humeur qu'il dégage, néanmoins j'espère que le suivant sera à la hauteur parce que celui ci me laisse sur ma faim, et qui plus est déçue.
Robert Harris mêle avec brio histoire et thriller, pour nous proposer de suivre la fabuleuse ascension au pouvoir de l'orateur le plus connu de la Rome Antique : Cicéron.
Cependant, la véritable particularité de ce roman réside dans le choix du narrateur : il ne s'agit nullement de Cicéron, mais de son secrétaire, Tiron, dont les talents de sténographes sont impressionnants, et qui apporte un regard nouveau sur le personnage de Cicéron, aussi bien sur sa détermination que sur ses failles.
Je trouve que l'on peut parfaitement appliquer la devise des moralistes à ce roman, "Plaire et Instruire", puisque l'on en ressort avec de nombreuses connaissances sur la vie politique romaine tout en ayant passé un agréable moment en compagnie de personnages attachants.
Jamais je n'ai vu de vie plus triste, cruelle, pitoyable et inutile ! Oui inutile.
Ce n'est pas la nouvelle de Flaubert qui est inutile, c'est la vie du personnage qu'il l'est.
En effet, la vie de Félicité n'est qu'une suite de deuils et de désillusions : ce personnage n'a rien, ce personnage n'est rien, il est juste là pour nous rappeler que des individus ont eu le malheur d'avoir la vie de Félicité...
D'ailleurs Flaubert le dit lui-même :
"L'Histoire d'un cœur simple est tout bonnement le récit d'une vie obscure, celle d'une pauvre fille de campagne [...] Je veux apitoyer, faire pleurer les âmes sensibles [...]"
Ce livre reflète le style de Flaubert mais n'a rien à voir avec son chef d'oeuvre, Madame Bovary, alors, un conseil, ne vous arrêtez pas à cette lecture pour juger cet auteur.
De même, ne dites pas que cette nouvelle est inutile, parce qu'elle soulève des questions sur la religion, sur la hiérarchie sociale, sur la pitié et elle permet de comprendre que parfois, la vie, ce cadeau, peut se transformer en enfer, et ne jamais avoir de sens.
Il s'agit là d'une réécriture de toute beauté qui reprend avec grâce la plume de Camus, tout en apportant une nouvelle vision au texte source, ainsi que des réflexions insoupçonnées, un ouvrage qui mérite amplement son prix Goncourt du premier roman obtenu en 2015.
Tout comme l'Etranger, j'ai du mal à mettre des mots sur ma lecture, mais je vais essayer de m'exprimer du mieux que je peux au sujet de ce coup de cœur.
Dans Meursault, contre enquête, Kamel Daoud revient sur le crime de l'Arabe, ce crime que l'on a presque oublié, en donnant la parole au frère de l'Arabe, Haroun. Ce dernier, dans un bar, va alors nous raconter son histoire, qui commence à la mort de son frère.
A partir de cet instant et tout au long du roman, on a l'impression que la vraie victime de cet assassinat, c'est Haroun, dont la vie s'est tout bonnement arrêté après la mort de son frère, comme s'il vivait dans le deuil permanent. Mais outre son histoire et ses souvenirs, dans lesquels on s'égare, et où les années et les lieux s'entremêlent, le narrateur nous offre un témoignage unique, presque irréel, d'un homme qui a cherché à comprendre toute sa vie pourquoi et comment son frère était mort.
Sans compter qu'il ressort de ce tourbillon de souvenir de nombreuses réflexions, parmi lesquelles j'ai retenu celle sur le fait de commettre un crime : la vie n'a alors plus aucun sens pour l'assassin, car il s'est rendu compte de la facilité avec laquelle il avait pu la prendre.
Et puis il y a aussi cette analyse du personnage de Meursault faite par Haroun, tant et si bien qu'il donne l'impression que c'est Meursault lui-même qui a écrit l'Etranger, et non Camus, une idée des plus intéressantes. D'ailleurs, on peut même en arriver à se dire que Meursault et Haroun sont beaucoup plus proche qu'ils en ont l'air : l'un comme l'autre sont incapables de savourer les plaisirs de la vie...
En outre, par le biais de ce personnage à la vie bercé par un mort, l'auteur nous donne un aperçu de la Guerre d'Algérie et des violences qui y ont fait rage, et il soulève par la même occasion des questions encore d'actualité, comme celle de la place, démesurée aux yeux du narrateur, qu'a pris la religion en Algérie après la guerre...
Ce livre est formidable, réellement.
Je n'irais pas jusqu'à dire qu'il égalise Camus, mais je dois bien avouer que Kamel Daoud a un talent exceptionnel, à lire absolument (en ayant lu l'Etranger avant)
Cette lecture m'a fascinée, oui fascinée, parce qu'elle représente à elle seule l'Amour. L'être humain a à sa portée le plus précieux des cadeaux, et pourtant, au lieu de se laisser guider par son cœur et ses sentiments, il ne peut s'empêcher d'y mêler son orgueil et sa vanité, faisant de l'Amour un jeu complexe au cours duquel il s'égare parfois...
Outre la réflexion que nous procure cet ouvrage, il m'a particulièrement touchée parce que je me suis pleinement identifiée à Camille.
En effet, à aucun moment de la pièce je ne me suis dit "Tiens, je n'aurais pas réagit de la sorte", au contraire : j'avais les mêmes appréhensions que Camille vis à vis l'amour, la même peur de souffrir, mais aussi ce même orgueil,
Bien que la chute m'aie paru un peu brutale, il ne pouvait pas y avoir d'autres issues pour Camille et Perdican : ils ont voulu jouer avec l'amour, mais c'est comme jouer avec le feu, c'est un jeu dangereux qui n'apporte que ruine et désespoir, d'où la mise en garde de Musset "On en badine pas avec l'amour".
Pour finir, je dirais que l'explication ci-dessous mérite le coup d’œil : "Musset, loin de suivre le schéma classique de la comédie, imagine un nouvel obstacle à l'amour : les personnages eux-mêmes. Bien qu'ils s'aiment, leur sentiment devient le théâtre d'une lutte, d'un rapport de forces car les personnages confondent amour et amour-propre. Leurs orgueil, leurs jeux cruels, leurs subterfuges auront une issue funeste, et rendront définitivement impossible leur amour."
La poésie devient alors l'outil d'un homme pour exprimer ses rêves, ses émotions, ses réflexions profondes, ses passions et ses peines...
L'oeuvre est personnelle, elle est irréelle : c'est l'âme de Lamartine que l'on côtoie à travers elle.
Un vers m'aura tout particulièrement marqué.
Oui bien sûr, il y a le très célèbre "Un seul être vous manque et tout est dépeuplé" , mais peu de gens se souviennent de celui ci : "Imparfait ou déchu, l'homme est le grand mystère"
Nécessite-il une explication ? Oh que non, il se suffit à lui-même, tout comme ce recueil suffit à décrire et comprendre Lamartine.
Comment ne pas être profondément touché par la peine, le désespoir et la colère d'un père à qui on a arraché sa fille ?
Ce recueil est un véritable cri de douleur de la part d'Hugo à la suite de la mort de sa fille, Léopoldine, qui l'amène à nous offrir une réflexion sur Dieu et l'au delà.
Un grand classique aux vers entêtants...
Une réflexion sur la vie, les femmes, la nature et la condition de poète, qui vous bouleverse et vous emporte dans un tourbillon de vers.
Mon poème préféré, malgré la beauté de tous les autres, reste "l'Albatros". Jamais un auteur n'aura, selon moi, trouvé de meilleur animal pour décrire le poète et sa condition : maladroit et gauche parmi les hommes, et si majestueux dans le ciel, dans ce monde supérieur qu'est celui des songes et de la pensée...
Ce monde que nous présente Huxley peut nous paraître bien éloigné du nôtre, et pourtant, les similitudes avec ce dernier s'avèrent troublantes.
Les pères et les mères ont disparus, les foyers également, sans parler des livres, de la religion, des émotions, de l'amour et de la douleur : l'Homme a voulu bâtir un monde où il ne souffrirait plus, mais à quel prix !
Tout le monde appartient à tout le monde, le sexe et le soma régissent la vie d'individus conditionnés depuis leur naissance et divisés en classes sociales : les Alphas, les Bêtas, les Gamma, les Delta et les Epsilons.
Le conditionnement des enfants et des adolescents est terriblement parfait, orchestré par des répétitions et des exercices aussi abrutissant que terrifiant, un bourrage de crâne légalisé pour former des êtres qui n'oseront jamais s'intéresser au "moi" et à leur pensée.
Néanmoins une réserve indienne, que les autorités se chargent de surveiller, n'a pas été corrompu par cette société, et là-bas, les maladies existent toujours, les hommes et les femmes vieillissent bel et bien et sont liés par l'union sacré du mariage, et les croyances résistent.
C'est en ce lieu que John, Le Sauvage, a trouvé naissance : en effet, sa mère, Linda, Bêta moins, s'était perdue lors d'une excursion dans cette réserve avec son homme du moment, et les méthodes contraceptives qu'elles suivaient pourtant à la lettre ne l'ont pas empêché d'accoucher de lui, une véritable ignominie.
Et lorsque Bernard, Alpha plus, dont la curiosité l'a poussé à visiter cette réserve, l'invite, avec l'accord des Administrateurs, à découvrir leur société, Le Sauvage accepte.
D'abord passif face au fonctionnement de cette société et des comportements des individus qui s'y trouvent, il prend conscience à la mort de sa mère que ce monde est perverti.
Lui qui a lu Shakespeare, qui croit en l'amour, le vrai, en la liberté et en la poésie se retrouve face à Mustapha Menier, l'Administrateur Résident de l'Europe Occidentale, l'un des Dix Administrateurs mondiaux, avec qui il a pour notre plus grand plaisir un débat sur ce monde qu'ils ont construits.
La fin est à l'image de ce livre : affreusement réaliste et tragique, parce que oui, un jour, notre monde pourra atteindre une telle bêtise, un jour les livres, l'Histoire, les émotions et la religion n'intéresseront plus, parce que l'être humain recherchera uniquement le plaisir charnel, le confort, et non plus le savoir et l'humanité.
Un véritable coup de cœur, un ouvrage d'une grande beauté, un classique qu'il ne faut absolument pas rater.
Ce livre dégage une atmosphère glauque, sombre, austère, voir inhumaine, qui ne fait que servir les intérêts de l'auteur, soit blâmer avec ferveur cette vie auquel sont soumis des hommes et des femmes qui n'ont pour la plupart pas eu leur mot à dire.
Le personnage de Suzanne est très intéressant, mais c'est surtout son évolution psychologique qui l'est : elle passe d'une jeune femme insoumise, à la religieuse stupide que l'on manipule comme une poupée de chiffon, sans compter qu'elle endosse durant une bonne partie de l'oeuvre le rôle de martyre, ou encore celui de protégée aux yeux d'une supérieure dont les intentions ne sont pas des plus catholiques...
Diderot s'affère d'ailleurs à ne pas choquer davantage son auditoire en laissant sous entendre le vice dont la supérieure de Sainte-Eutrope est atteinte...
Je dirais que cette oeuvre est à la fois réflective et bouleversante : à travers le personnage de Suzanne, mais aussi à travers celui du moine bénédictin dom Morel, c'est Diderot qui nous partage son opposition à cette vie monastique, pour lui, l'homme est fait pour vivre en société et il ne découle de cet emprisonnement que tourments de l'être, vices et déboires.
Ces parles en témoignent :
"Et quelles espérances pour une religieuse ?
[...] que les hommes reviendront de l'extravagance d'enfermer dans des sépulcres de jeunes créatures toutes vivantes, et que les couvents seront abolis [...]"
Et malgré le caractère absurde de ce personnage, on finit par approuver ce qu'il dit ou ce qu'il pense parce qu'il ne fait qu'énoncer la vérité, une vérité dont nous avons sûrement peur tant elle est réaliste.
Quant à la terrible sentence, sa prononciation et son attente, elle m'a énormément rappelé "Le dernier jour d'un condamné" d'Hugo.
Camus nous présente donc un homme sans masques, sans artifices, un homme qui aurait réussi à se détacher de toute humanité, pour n'incarner que la triste rationalité de la vie : mais peut on encore donner le nom d'Homme à un être dépourvu d'humanité ?
L'écriture de Gaëlle Josse est fluide et dégage une douceur peu commune, ce qui facilite grandement notre immersion dans la vie de Magdalena Van Beyeren, dans ses souvenirs, et les mœurs d'une société qui m'était jusqu'à lors inconnue.
En effet, en plus d'être un récit très bien mené, il m'a permis de me plonger dans un lieu que je n'avais jamais eu l'occasion de croiser : les Pays-Bas du 17ème siècle, ou l'âge d'or du commerce maritime, des colonies et des denrées exotiques.
L'originalité du lieu ainsi que la mise en scène du récit m'ont énormément plu, et bien que la fin m'ait prise de cours, je pense qu'il ne pouvait pas en avoir de meilleure : on sort de la vie de Madgalena comme on y est rentré, de manière inattendue.
Je sais que certaines personnes commencent à se lasser de cette série à rallonge, et comme vous j'ai aussi retrouvé des similitudes entre les premiers livres des chevaliers d'émeraude et celui-ci mais que voulez vous : cette saga m'a envoûté !
En plongeant de ce tome, je me suis souvenue de ce que j'aimais tant dans les livres d'Anne Robillard : des personnages originaux, attachants, agaçants, drôles, de la magie à foison, des panthéons incroyables, des univers toujours plus vastes et intéressants, et une imagination débordante qui fait l'essence même de cette saga exceptionnelle.
Néanmoins je m'étais engagé à finir ce roman et à partir de la seconde moitié de l'ouvrage : je l'ai complètement dévoré jusqu'à la fin.
Cette histoire m'a complètement chamboulé, sans compter tous les rebondissements inattendus qui ne faisaient qu'attiser la flamme de cette histoire d'amour, à la fois fragile et indestructible.
Et puis il y a cette allégorie du cœur en horloge, qui est tout simplement parfaite et qui relève du génie : quel objet aurait pu illustrer avec autant de réalisme, le fonctionnement chaotique et pourtant si bien régler de notre organe vital.
Un livre que je recommande aux petits et grands, une belle leçon de vie.
Il faut dire que ce classique faisait, d'après l'opinion public, partie des pavés difficiles à digérer.
J'en conçois, ce livre n'est pas destiné aux amateurs d'aventure, de rythme haletant ou de rapidité ; sans compter que Flaubert orne son roman de très nombreuses et longues descriptions.
Néanmoins ce livre est une pure merveille.
Même si pour moi "Madame Bovary" fait partie de ces romans au charme ineffable, je vais tâcher de vous en exposer les grandes lignes, ou du moins de mettre en avant les atouts de cette oeuvre.
Nous allons donc suivre tout au long de ce livre l'histoire d'Emma Bovary, à partir de son mariage avec ce médecin sans ambition, Charles Bovary.
Toute la vie d'Emma, lectrice assidue, ne sera alors que rêves, espoirs et désillusions.
Elle qui à travers ces différentes lectures s'était façonné un idéal d'existence, remplie de contrées lointaines, d'amours passionnés, d'aventures exaltantes, ne sera jamais que cette femme aux airs chiques de bourgeoises marié à ce piètre médecin, menant une vie placide rythmée par ses différents adultères.
Éternelle insatisfaite, en cultivant ainsi cette perpétuelle insuffisance de la vie Madame Bovary ne sera jamais véritablement heureuse, et une folie dépensière, qui l’entraînera au fond du gouffre, s'empara d'elle.
C'est une belle morale que nous offre Flaubert : accepter ce que la vie nous offre.
D'autant plus qu'en ne posant pas l'intrigue dans un contexte historique particulier, l'auteur donne une valeur universelle à ce livre où les personnages tiennent une rôle capital.
Vous l'aurez sans doute compris, ce roman est pour moi une véritable révélation et j'espère que vous l'aimerez autant que je l'aime.
Ce livre est une déception pour moi mais la lecture reste agréable.
Dans ce polar à l'intrigue palpitante on s'attache très vite au personnage de Ben Bradford, ce père de famille américain dont la vie sentimentale est en train de basculer et qui exerce un métier qui l'insupporte.
En effet, Ben a dû renoncer depuis longtemps à ses rêves de photographe pour se soumettre aux vœux de son père, dont le dicton n'était autre que "L'argent c'est la liberté".
Ainsi ce roman au rythme haletant et aux rebondissements inattendus devient un hymne aux nouveaux départs et aux passions, le tout bercé par l'univers de la photographie.
Un livre exceptionnel qui mérite absolument le coup d’œil.
L'auteur nous conte à travers le personnage fictif de Marguerite Gautier la véritable histoire d'Alphonsine Plessis, rendant l'histoire de cette malheureuse jeune fille d'autant plus poignante.
En réalité c'est Armand Duval, lui aussi personnage fictif, qui conte à notre cher Dumas sa liaison passionnée avec Mlle Gautier, femme entretenue dont il s'éprend éperdument.
Ce roman, que certains qualifieront de roman à l'eau de rose, est selon moi une ode à l'amour, cet amour au delà des attaches et des existences terrestres, l'Amour véritable, passionné et éternel.
Semprun ne nous offre pas une simple biographie mais un témoignage poignant des horreurs de Buchenwald, entremêlé dans un tourbillon de souvenirs où la philosophie règne en maître.
Le livre débute le 11 avril 1945, à la libération du camp de Buchenwald, puis l'auteur, à l'évocation d'un poème, d'un livre ou d'une personne, va nous plonger dans un souvenir d'une autre époque : en parcourant ainsi la mémoire de l'auteur au grès de ces évocations, nous allons comprendre peu à peu son cheminement, son histoire, l'avant et l'après Buchenwald.
Comme je l'ai déjà mentionné çi-dessus, les pensées philosophiques de l'auteur berce cet ouvrage et nous mène à de nombreuses réflexions, comme celle sur le Mal radical, mais surtout sur la mort que l'auteur estime avoir traversé lors de son séjour à Buchenwald : l'auteur se considère donc comme un revenant pour qui la mort est derrière lui.
Finalement je dirais que le titre du livre se suffit à lui même et pose une réelle réflexion sur l'écriture, qui ramène nécessairement l'auteur à ses souvenirs et donc à la mort : d'où ce dilemme "L'écriture ou la vie".
Un véritable bijoux d'écriture, à la fois philosophique, personnel et historique que je vous supplie de lire : c'est un chef d'oeuvre qui se lit et se relit avec la même passion.
L'idée de faire renaître ce colonel de la bataille d'Eylau est brillante, et cela m'a d'ailleurs fait penser au roman d'Alexandre Dumas "Le comte de Monte Cristo", néanmoins l'auteur n'a pas réussi selon moi à rendre l'histoire de ce revenant passionnante. D'autant plus que le fameux colonel Chabert, pourtant personnage éponyme, s'efface un peu derrière les grandes qualités de son avoué, Derville.
Malgré cela, Balzac arrive à nous plonger dans cette société du XIX ème siècle de part ses nombreuses descriptions réalistes, et le personnage du colonel reste touchant et humain. Alliez cela à la brièveté du livre, ce dernier se lit assez aisément.
En ce qui concerne le continu de ce roman, nous ne connaissons ni l'identité, ni la faute du condamné, ni même son origine sociale ou sa nationalité, et cela nous permet en tant que lectuer de nous identifier pleinement à ce personnage qui vit les derniers instants de sa vie.
Ainsi on s'imprègne de ses pensées, de ce qu'il voit, de ce qu'il ressent, de ce qu'il est, et nous vivons cette injuste attente de la mort comme si c'était la notre.
A travers ce personnage, Hugo nous fait complètement oublié le pourquoi, la raison pour laquelle cet homme est condamné : il ne laisse aucune place à cette interrogation tellement l'humanité pure et simple de cet être est mise en avant. Et c'est précisément en cela que ce livre est à la fois émouvant et réflectif : c'est l'humanité qui habite tout un chacun qui est décrite à travers cette terrible attente de la mort, et je dirais que son apothéose est atteinte à la fin de l'oeuvre, lorsque l'espoir habite encore ce condamné.
Personne n'est prêt à mourir de cette manière, et personne ne devrait y être préparé : une critique aussi douloureuse que somptueuse de la peine de mort par un grand écrivain.
La narration peut surprendre, point d’aventures ou de quête, mais le récit fidèle et empreint de sensualité de ce qu’a été la vie de l’auteure Anaïs Nin, une succession de rencontres, une quête de soi et une créativité artistique sans pareille.
Quand je pense à ma lecture, je retiens le bleu et la fluidité des mots, la douceur des traits aussi, et je l’associe donc inconsciemment à l’eau, en dépit des illustrations aériennes.
En effet, tout vole, les dessins à l’aquarelle, absolument sublimes semblent suspendu dans les airs, les gestes sont gracieux, les yeux rêveurs, on nage en plein rêve...
Après tout, nous ne faisons que naviguer sur une mer de mensonges...
L’eau comme élément principal donc, intimement liée à la célébration de la sexualité féminine et à la fluidité des pensées, qui coulent sur le papier, miroir de la libération des fluides.
Dans cette histoire, la femme assume pleinement sa sexualité et on assiste à son épanouissement, puissant et sensuel. Les mains glissent et descendent là où tout est habituellement caché et tue.
Nous entrons dans l’intimité de l’auteure, dans sa dimension corporelle certes, mais aussi intellectuelle puisque nous entendons ses doutes et ses inquiétudes d’écrivaine.
Elle ne sait pas comment écrire, comment transformer ce journal, son expérience intime, en une écriture universelle, en quelque chose de plus grand.
Et parallèlement à cette angoisse qui la rend prisonnière de son esprit, Anaïs jouit d’une liberté rare : elle est libre, libre d’aller et venir, entre l’hôtel et la maison, entre son mari et ses amants, entre les cuisses de l’être désiré.
Pris dans cet enchaînement de rencontres, nous suivons ainsi une auteure qui se cherche, se découvre et s’offre à l’autre : elle aime, elle a tellement d’amour à donner, quelque chose en elle sait qu’il y a quelque chose à libérer, une envie, un désir, un besoin enfin.
Le besoin d’exulter, physiquement.
Parce que le sexe n’a rien de honteux, que l’alchimie de deux corps ne devrait pas être condamnée et que la société a voulu circonscrire notre capacité à aimer, alors même qu’elle est plurielle et infinie.
Le poly amour est présenté ici dans ce qu’il est de plus essentiel, cette façon d’être à tous de manière différente et que son amour ne s’en trouve pas pour autant diminué.
Homme, femme, qu’importe, la question du genre est transcendée, seule compte la fascination inexplicable, l’admiration sincère et le plaisir procuré par la fusion.
L’amour, le sexe, la nudité, les fluides, la chaleur, ce qui suscite le dégoût, ce qui n’est pas noble, c’est pourtant cela qui nous réveille et qui nous donne un nouvel élan, une certitude aussi, celle d’être en vie.
Avoir envie, être en vie, n’être qu’envie, quand l’onomastique s’en mêle, quel délicieux plaisir.
Les dessins de Léonie sont venus sublimer la vie d’une auteure, Anaïs Nin, et retranscrire cette folle liberté qu’a été la sienne.