Une bouche sans personne

Gilles Marchand rend un hommage appuyé aux surréalistes (Queneau, Vian…) pour raconter l’histoire d’un homme seul qui a dissimulé sa tragédie toute sa vie. Il narre avec poésie la vie remplie d’une fantaisie salvatrice de cet homme diminué auquel on s’attache presque malgré nous. Par moment, j’ai regretté que le récit traine en longueur.

Livre lu par curiosité, intéressant mais pas totalement abouti !!! Voici une histoire complètement farfelue, débridée, déjantée, très profonde aussi, surtout émaillée d'inventions littéraires dignes d'un Boris Vian, Un véritable bain de jouvence pour ses inconditionnels . L'originalité est un exercice difficile : il faut tenir une "logique illogique" sur la longueur sans s'essouffler ni tomber dans l'invraisemblable. Pareillement, parvenir à transmettre une véritable sincérité dans le ressenti est très casse-gueule : il faut éviter la naïveté, et bâtir des personnages qui soient bien plus que des supports d'écriture

Plutôt déroutée par les envolées surréalistes, j'ai eu du mal à terminer la lecture. Partagée entre l'envie de connaître la fin et la lassitude des délires dans lesquels je n'arrivais pas y trouver de l'intérêt ou de l'humour. En effet, je n'ai jamais apprécié le côté "absurde " comme chez Boris Vian (évoqué dans le livre) ou chez Eugène Ionesco . C'est vrai que c'était l'univers du grand-père qui embellissait la réalité trop cruelle pour son petit-fils et lui-même...

C'est une belle histoire, poignante, qui encourage ceux qui vivent avec des cicatrices (visibles ou pas) et qui incite les autres à l'indulgence.

Sam, Thomas et Lisa, voilà les trois personnes qui forment sa nouvelle famille.

Lui, il est comptable, il compte, recompte et décompte à longueurs de journée. En sortant du boulot, il continue de compter. Les arrêts de métro, les passagers, ..., et c'est comme cela tout le temps.

Seule escapade, ses moments au café avec ses potes Sam, Thomas et Lisa.

Ce roman est horriblement prenant, dès le début je me suis sentie submergée. Sans en avoir l'air, il y a énormément d'émotions qui englobent le lecteur.

L'auteur utilise un style simple et percutant en même temps. Je découvre sa plume, et honnêtement je suis sortie de ma lecture en me disant qu'il fallait absolument que ce livre soit lu, que son auteur mérite de faire partie des plus grands.

Je vais profiter pour dire un grand bravo à David des Forges de Vulcain pour avoir dégoté et fait ressortir un manuscrit du tiroir dans lequel il se trouvait chez l'auteur.

En refermant ce livre, j'avais l'impression de réellement connaître ses personnages, et ça, c'est une sensation que j'adore, mais qui signifie également que l'auteur a réussi (en tout cas avec moi).