En dépit des conventions

Elle se sentit enveloppée par sa voix de velours. En sentant ses doigts effleurer son visage, elle retint son souffle. Il traça le contour de ses sourcils, ses pommettes, ses lèvres. Puis il enfouit les doigts dans ses cheveux.

— Chaque fois que je vous vois, j'ai envie de caresser votre superbe chevelure, avoua-t-il. Vos boucles blondes sont magnifiques.

— Mais vous ne les voyez pas, en cet instant.

— Il me suffit de fermer les yeux pour les imaginer, dit-il en l'embrassant furtivement. Je vous vois nue, avec vos cheveux qui cascadent dans votre dos.

Elle était sur le point de défaillir.

— Décidément, vous prenez un malin plaisir à me tourmenter.

— Chut ! Vous ne sentez donc pas le feu du désir ?

Il l'enlaça et la plaqua contre lui. Puis il s'empara de sa bouche pour l'embrasser avec une fougue décuplée. Il insinua le bout de sa langue entre ses lèvres.

Dans le noir, John laissa libre cours à ses fantasmes. Beth ne pouvait protester, de peur de trahir leur présence. Lorsqu'elle voulut se dégager de son emprise, il l'en empêcha. Dès qu'il se mit à lui caresser le dos, elle se détendit. Bientôt, elle succomba au plaisir qu'il lui donnait et enroula les bras autour de son cou.

Beth n'avait plus envie de s'écarter de lui. Quand il interrompit leur baiser, il lui prit les mains et les caressa de ses pouces. Elle se rappela qu'il avait des mains superbes. Doucement, elle en porta une à ses lèvres et l'embrassa avec respect, puis elle fit de même avec l'autre. Audacieuse, elle effleura les traits de son visage, jusqu'à ses cheveux bruns. Elle devinait son regard de braise malgré l'obscurité.

John la souleva et la porta vers la pile de couvertures et d'oreillers. Il la déposa lentement, la maintenant captive de son étreinte, les seins plaqués contre son torse.

Peu à peu, elle sentit son parfum mêlé de cuir, de santal, avec une note virile troublante. En lui tendant ses lèvres, elle se dit qu'elle ne s'était jamais sentie aussi bien. La pénombre dissimulait l'audace de leur comportement, de sorte qu'elle se prit à souhaiter que ces moments durent éternellement.

Soudain, la porte s'ouvrit avec fracas et la lumière envahit la lingerie.

— Euh... personne ici! déclara Michael Boyle avec emphase avant de vite refermer la porte.

— Beth, je suis désolé... chuchota John d'une voix nouée.

Cette intrusion avait produit sur la jeune fille l'effet d'une douche froide. Elle se dressa sur son séant.

— Boyle est mon ami. Je vous promets qu'il ne nous trahira pas, ajouta-t-il.

Désemparé, il lui prit la main et la porta à ses lèvres