Les Amants de la mer Rouge

C’est une belle histoire entre deux inconnus mais j’ai dû mal avec les romans d’amour, très (très) peu me plaisent et celui-ci ne fait pas parti de ceux-là. Pourtant ce n’est pas mal écrit, même si je lui trouve des longueurs, les personnages ne sont pas mauvais, ils sont même touchants et sans trop de naïveté. Ce n’est pas inédit, Shakespeare a déjà fait cette histoire d’amour impossible entre deux êtres et si ce n’est pas la famille c’est la religion qui les empêche d’être ensemble. L’inédit se trouve dans la façon, plus moderne, de traiter cette romance, en effet, un réfugié érythréen en Arabie Saoudite, on est un peu loin de nos classiques, c’est ce qui fait le charme de l’intrigue sans ça, je ne suis pas sûr de l’avoir fini. Les chapitres sont courts, le récit découpé en plusieurs parties donne un bon rythme au livre, mais sans se presser.

Je pense qu’il plaira aux fans du genre qui ont envie de se dépayser.

Ce roman est une histoire d’amour. Mais une histoire d’amour bien particulière…

Nasser n’est encore qu’un enfant quand sa mère, réfugiée au Soudan, arrive à le faire passer, lui et son petit frère, en Arabie Saoudite pour vivre avec leur oncle. Loin de sa mère, le jeune garçon découvre alors un monde « en noir et blanc », où les humains sont tous soumis à une loi religieuse stricte. Les femmes ne sont que des ombres noires dans les rues, habillées de la tête aux pieds de leur abaya (habit semblable à ce qu’on connaît sous le nom de burqa). Les hommes sont vêtus de blanc et si leur liberté est bien plus grande que celle des femmes, Nasser découvre bien vite que certains payent le prix fort de cette séparation forcée entre les sexes…

Nasser apprend à vivre dans ce pays où il est devenu une proie pour certains hommes en manque de sexe. A part quelques amis, rien ne semble lui sourire, jusqu’au jour où une ombre noire laisse échapper un message tout chiffonné. Une déclaration d’amour… Dès lors, la vie de Nasser change. Il prend des risques inconsidérés pour échanger quelques messages avec la « femme aux Chaussures Roses » (puisque seules les chaussures peuvent lui permettre de la reconnaître…) et peut-être même lui parler, voire la contempler sans son abaya noire…

Vous l’aurez compris, ce roman raconte une histoire d’amour, mais aussi d’intégrisme religieux. Il dénonce l’absurdité d’un système basé sur des valeurs extrémistes qui en deviennent injustes et haineuses.

J’ai trouvé dommage qu’il soit parfois un peu trop romanesque pour être réaliste, mais ce côté conte lui permet peut-être d’être moins dur, de mieux accepter la souffrance et l’injustice auxquelles font face les personnages principaux.

Ce roman arrive à être poétique et d’une grande douceur, on ne peut que ressentir une immense tendresse pour ces deux personnages abîmés par la vie. Il permet aussi de nous faire prendre conscience de notre chance de vivre dans un pays avec un minimum de droits fondamentaux garantis, même si tout est loin d’être parfait.

Ce roman suscite de l’émotion tout en nous faisant réfléchir et c’est ce que j’attends d’une bonne lecture, donc je suis très heureuse de cette découverte !