Les Yeux bleus, cheveux noirs
Auteur
- Marguerite Duras (Écrivain)
Classement en biblio - 44 lecteurs
extrait
Parce que dès que vous êtes entré dans ce café dans l'état où vous étiez, dans cette douleur paisible, vous vous souvenez, vous aviez envie de mourir, j'ai voulu mourir à mon tour de cette façon théâtrale et extérieur. Je voulais mourir avec vous. [...] J'ai vu les vêtements de clown et autour de vos yeux le khôl bleu. Alors j'ai su que je ne m'étais pas trompée, que je vous aimais parce que, au contraire de ce qu'on m'avait enseigné, vous n'étiez ni un voyou ni un assassin, vous étiez sorti de la vie.
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L'histoire est simple, mais d'une beauté époustouflante. Duras livre ici un roman intime, sensuel, déroutant. Une formidable expérience de lecture et de vie.
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Les yeux bleus cheveux noirs est une oeuvre lente et intime. Le style est sensuel, plein de dits et de non-dits, de faits et de non-faits.
Gérard Depardieu disait de son amie, Marguerite Duras, qu'elle brillait dans les silences. Ca se confirme. Il y a beaucoup de silences saisissants. J'ai trouvé que c'était marquant, à la lecture : que le temps et les silences avaient une place prépondérante.
L'autrice a écrit à la presse au sujet de cette oeuvre :
"C’est l’histoire d’un amour, le plus grand et plus terrifiant qu’il m’a été donné d’écrire. Je le sais. On le sait pour soi.
Il s’agit d’un amour qui n’est pas nommé dans les romans et qui n’est pas nommé non plus par ceux qui le vivent. D’un sentiment qui en quelque sorte n’aurait pas encore son vocabulaire, ses mœurs, ses rites. Il s’agit d’un amour perdu. Perdu comme perdition."
Ce livre est dédicacé à Yann Andréa, amant homosexuel de Marguerite Duras. Je me demande dans quelle mesure ce livre est un reflet de leur histoire. Peut-être ai-je tort d'y voir un lien. Elle l'a néanmoins écrit à ses côtés et il est difficile de ne pas vouloir faire des analogies.
La forme théâtrale, qui nous pose en spectateur de la scène qui se joue entre les deux amants, nous met dans une posture voyeuriste, mais étrangement non dérangeante.
Bref, c'est un livre troublant, qui ne laisse pas indifférent.
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Délicat, prenant, beau, douloureux, vrai, intense, touchant, sensible, criant de sentiments bouleversants, que dire, ça prend aux tripes, ça touche profondément, c'est dur, c'est plein de souffrances mais c'est sublimement raconté et merveilleusement bien écrit.
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Etant une grande lectrice de Marguerite Duras je ne peux que le conseiller. d'une beauté époustouflante
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Date de sortie
Les Yeux bleus, cheveux noirs
- France : 1986-11-01 - Poche (Français)
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Résumé
Dans une chambre nue, un homme et une femme pleurent. "Pleurer, écrit Marguerite Duras, il faut que ça ait lieu aussi. Si c'est inutile de pleurer, je crois qu'il faut quand même pleurer. Parce que le désespoir, c'est tangible. Ca reste. Le souvenir du désespoir, ça reste. Quelquefois, ça tue" ("Ecrire").
Ils pleurent le même homme, l'amant perdu, l'étranger aux yeux bleus cheveux noirs qu'elle a aimé quelques jours, qu'il a aimé l'espace d'un instant foudroyant - histoire d'amour la plus brève qui est son histoire d'amour la plus longue.
Ils pleurent l'amour impossible entre eux deux, le désir interdit entre leurs corps. Ils pleurent l'intouchable. C'est une "union blanche et désespérée". C'est une chambre sans divertissement, au sens pascalien, sans rien qui puisse les détourner d'eux-mêmes, de la solitude partagée à travers les mots, les cris, les accès de haine, l'envie d'en finir, le sommeil dans les draps blancs. Ils n'espèrent plus l'espoir de la grâce. Seule leur parvient la rumeur de la mer et des êtres qui passent sur la plage la nuit en quête du plaisir sexuel.
Avec "Les yeux bleus cheveux noirs", l'écrivain compose la musique d'un huis-clos magnifique, où les amoureux de l'oeuvre de Marguerite Duras seront sensibles aux jeux de miroir, aux prolongements d'un imaginaire resserré, d'une densité et d'une cohérence inouïes. La scène matricielle de l'oeuvre est celle d'un "ravissement", évoquant l'ouverture du "Ravissement de Lol V. Stein", dont elle serait comme une version homosexuelle. "Aujourd'hui, il y a de la tempête, le bruit de la mer est très près. C'est une grande marée qui s'acharne contre le mur de la chambre. Le tout de la chambre, du temps, de la mer est devenu l'histoire." La chambre d'après le ravissement est poreuse aux bruits du dehors comme l'était celle de "L'Amant", dont elle serait comme l'envers, non plus le lieu de célébration de la jouissance, mais celui de l'inaccomplissement du désir. Plus tard, un bateau aperçu par l'homme depuis la plage dira la fin de l'histoire, rejoignant tous les navires de l'adieu à l'amour qui passent dans la nuit durassienne...
Marguerite Duras est un immense écrivain, d'une envergure telle qu'aucune oeuvre ne saurait être qualifiée de "mineure". Tous les écrits, dans sa somptueuse bibliographie, entrent en résonance les uns avec les autres, dans un jeu infini de variations autour des mêmes béances, inlassablement parcouru dans l'émerveillement fasciné de la lecture. Sur cet échiquier littéraire, "Les yeux bleux cheveux noirs" brillent d'une luisance claire et sombre, portée par l'écriture étale d'un au-delà de la douleur. Etale, une mer à marée basse, la surface d'un sexe de femme abandonné à la solitude d'un désir inassouvi, sur lequel finit par se poser le visage de l'homme. "Il y avait aussi ça, cette beauté profonde qui avait l'air d'avoir un sens, comme toujours, la beauté, lorsqu'elle déchire". Sublime.
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