Les Guerriers de l'ombre, Tome 1 : Amour brûlant

Angel pénètre dans le spacieux salon qu’elle ne connaît pas. Une chose est sûre, Kraler a beaucoup de goût. Les meubles sont d’un tel raffinement et les couleurs sobres. Rien de tape-à-l'œil. Rien d’inutile.

Ses yeux le cherchent pour le trouver devant la baie vitrée où une impression de vertige la saisit. C’est tellement haut ! Elle ne se pense pas capable de s’approcher aussi près du vide que lui.

– Kral ?

Il pivote pour la regarder, la trouvant parfaite dans son jean moulant et son pull qui épouse parfaitement la forme de ses seins.

– Où est Camilla ?

– Friz l’a raccompagnée chez elle.

– Je croyais que tu la retenais captive.

– Plus maintenant.

Elle est rassurée de l’apprendre. Il n’avait de toute façon pas intérêt à lui faire du mal s’il voulait – ne serait-ce qu’espérer – qu’ils puissent discuter tous les deux.

Elle reste en retrait, déjà parce que cette hauteur lui donne la nausée, mais elle n’a pas oublié leurs derniers instants. Elle n’a rien oublié de ce qu’il lui a fait. Elle est en colère et elle compte bien le lui exprimer. Vampire ou pas. Terrifiant ou pas. Quand elle en aura fini avec lui, jamais plus il n’osera s’approcher d’elle. Quoiqu’en cet instant, il n’a pas l’air effrayant, mais bel et bien mal à l’aise.

T’as encore rien vu, mon gars ! Je vais te faire regretter d’être né !

– J’aimerais remercier Slash.

– Pour ?

– M’avoir sauvé la vie. Je crois ne pas me tromper en affirmant que tum’as laissée pour morte ! peste-t-elle.

– Je ne savais pas… et puis j’avais honte.

Il ne bouge pas d’un poil, figé devant le mur de verre, d’un calme imperturbable. Il doit se contrôler, prendre sur lui, il n’a pas le choix s’il veut réparer son erreur.

– Je me souviens de tout.

Elle fait un pas dans sa direction, puis un autre. Elle a envie de se rapprocher pour lui crier dessus, envie qu’il comprenne qu’elle n’a pas peur de lui et qu’elle lui en veut terriblement.

– Je t’avais interdit de prendre mon sang ! tonne-t-elle. Quel genre d’animal es-tu pour ne pas respecter celle que tu dis aimer ?

Ces mots ont l’effet d’un coup de poignard en plein cœur pour lui. Ils

ébranlent aussi dangereusement son calme.

– Je ne sais pas pourquoi tu m’as ramené chez toi et…

– Pour prendre soin de toi, l’interrompt-il en tentant de ne pas trop élever le ton.

En même temps, c’est assez logique, elle s’en veut de ne pas y avoir pensé.

– Je regrette ce que j’ai fait ! D’accord ? Je le regrette vraiment !

Il hausse le ton, il est en colère, mais Angel comprend que ce n’est pas après elle, mais après lui.

– Je t’ouvre mon cœur : j’ai honte.

Son ton redevient calme et il pivote face à la nuit pour qu’elle ne voie pas son visage.

Il a honte ! Encore heureux ! Rien n’apaise Angel.

– Tu m’as tuée ! Et sans l’intervention de Slash, je serais vraiment morte ! s’écrie-t-elle.

– Je te demande pardon.

– Jamais ! N’espère plus rien de moi !

Deuxième coup de poignard en plein cœur. Ça devient difficile pour lui de garder le contrôle, il sent qu’il va exploser si elle continue à lui faire aussi mal – délibérément de surcroît !

– Je veux rentrer chez moi !

– Je veux que tu restes ici.– Je refuse de rester une minute de plus chez toi ! Tu n’es qu’un monstre sanguinaire ! Prêt à vider ta copine de son sang ! T’es immonde !

– Arrête !

Il vient de bondir pour se retrouver en face d’elle, à quelques centimètres de ce corps qu’il désire et qu’elle lui refuse.

– T’as pas le droit de me dire ça… je suis désolé.

Elle perçoit sans mal la peine qu’elle lui fait, mais rien ne réussit à apaiser sa colère envers lui. Il a failli la tuer ! Bon sang !

Sans y réfléchir, elle le gifle. Ça l’apaise. Mais en voyant ses pupilles noires devenir menaçantes, elle déglutit. Elle n’aurait peut-être pas dû.

Il se jette sur elle qui se retrouve adossée au mur, les mains de Kraler maintenant fermement ses épaules.

– Ne relève plus jamais la main sur moi ! Je pourrais te tuer pour ce que tu viens de faire.

Il est très froid et il lui fait peur. Il a perdu le contrôle et ce n’est absolument pas ce qu’il voulait, mais elle s’amuse à le provoquer ! On ne le pousse pas à bout sans en payer les conséquences !

– C’est tout ce que je t’inspire ?

Ne pouvant retenir ses larmes, elle les laisse rouler sur ses joues.

Il est allé trop loin. Encore ! Il la lâche et se recule de deux pas, respirant doucement pour recouvrer son calme presque instantanément.

– Non, bien sûr que non.

Il fait quelques pas dans la pièce.

– Ce n’est pas comme ça que j’imaginais notre discussion. Je m’attendais à des reproches bien sûr, mais pas à des mots crus et blessants.

Je n’arrive pas à me maîtriser quand ça me touche profondément.

Elle se décolle du mur et remet ses cheveux en place. Elle veut bien admettre qu’elle a été cruelle, mais c’est justifié et il ne semble pas le comprendre.

– Je pensais… j’espérais que tu comprendrais ma position, que tu me laisserais t’expliquer ce qu’il s’est passé. Jamais je n’ai imaginé que tu allais me condamner de la sorte.

– J’ai failli perdre la vie, explique-t-elle.– Je le sais. J’ai commis une erreur, mais je l’ai réparée.

– Qu’est-ce que tu voulais m’expliquer ?

Il ne la regarde pas, il laisse ses yeux sur la nuit étoilée qui semble l’attirer.

– J’ai deux très fortes envies en ta présence, le sexe bien sûr et ton sang.

Mes sentiments pour toi ne sont pas étrangers à ces envies, ils y sont liés.

L’orgasme ultime pour un vampire c’est de prendre possession du corps de la femelle qu’il aime en même temps qu’il s’abreuve d’elle. Je voulais l’atteindre avec toi.

Il pivote pour la regarder en disant ces derniers mots.

– J’ai envie de tout partager avec toi. Je désire que nous mêlions notre sang, que tu goûtes mon sang en même temps que je ferai de même avec toi. Je ne sais pas si tu comprends bien ce que je te dis. Ça peut te sembler aberrant parce que tu ne fais pas partie de mon monde, mais je te veux.

Incontestablement, je t’aime. Pardonne-moi d’avoir perdu le contrôle, ça ne se reproduira plus.

Il lui a ouvert son cœur, il ne peut pas faire plus pour la garder. Si elle ne comprend pas, il n’y survivra pas. Il ne sera plus que l’ombre de lui-même, il le ressent dans les tréfonds de son être.

Angel l’a écouté. Le comprendre c’est autre chose. Elle veut bien accepter que leurs deux races aient des façons différentes de faire, mais ça n’excuse pas son comportement animal envers elle.

– Il est clair que cela ne se reproduira plus. Je t’ai écouté, c’est ce que tu voulais. Je vais même m’excuser pour la gifle, je n’aurais pas dû. Mais ne me demande rien de plus, je veux rentrer chez moi et reprendre ma vie…

sans toi.

Troisième coup de poignard.

Il l’a perdue.