Rencontres à Fool's Gold, Tome 3 : Un cadeau (très) inattendu

Pia, elle, demeura sur la pelouse, malgré les ondes de chaleur torride accompagnées d’une odeur de brûlé sinistre qui la frappaient à intervalles réguliers. Dire que pas plus tard que ce matin, elle était passée devant l’école et que tout était tellement… normal ! Comment le cours des choses pouvait-il basculer si rapidement ?

Elle n’eut pas le temps de s’appesantir sur la question. D’autres parents accouraient. Des mères, et quelques pères, se précipitaient vers les enfants que les institutrices avaient groupés autour d’elles. Il y eut des exclamations de soulagement et de frayeur, des embrassades frénétiques. Les petits furent inspectés de pied en cap, les enseignantes remerciées chaleureusement.

Du côté des secours, deux camions de pompiers supplémentaires se positionnèrent, sirènes hurlantes. Bien que l’alarme de l’école ait enfin été coupée, le vacarme demeurait assourdissant. Les gens criaient, les moteurs des engins grondaient. Dans un mégaphone, une voix enjoignait aux personnes présentes de garder leurs distances et indiquait l’emplacement des antennes mobiles d’assistance médicale.

Alors que Pia tournait la tête dans cette direction, elle aperçut — non, son imagination ne lui jouait pas des tours — Raoul, qui s’entretenait avec une des urgentistes ! Les cheveux en bataille, le visage maculé de suie, il toussait à pleins poumons. Pourtant, même comme ça, il restait séduisant en diable. Bon, ce n’était pas le moment.

— Typique ! pesta-t-elle en s’approchant. Je parie que vous avez joué les héros !

— Les imbéciles, plutôt, intervint la doctoresse en levant les yeux au ciel. C’est dans les gènes des hommes. C’est plus fort qu’eux.

— Je ne vous le fais pas dire ! jubila Pia dans un éclat de rire avant de s’adresser à Raoul. Ne me dites pas que vous vous êtes précipité dans un bâtiment en flammes pour sauver un enfant, quand même !

— Pourquoi ce ton ? riposta-t-il en se redressant. C’est honteux peut-être ?

— Les professionnels sont là pour ça, soupira-t-elle. Eux sont équipés et savent comment procéder.

— C’est ce qu’on me serine depuis tout à l’heure. Juste une parcelle de gratitude pour avoir risqué ma vie, ce serait trop demander, sans doute ?

— A tous les coups, la fumée vous aurait asphyxié et vous auriez perdu connaissance, intervint l’urgentiste. Ce qui aurait donné un surcroît de travail aux sauveteurs au lieu de les aider. Bon, tout va bien, ajouta-t-elle en retirant un appareil de mesure du doigt de Raoul.