Toi + moi, seuls contre tous, Tome 4

Cette fois, mes larmes coulent à torrents. Je m’attendais à tout sauf à ça. Qu’il prenne peur. Qu’il me quitte sur le champ. Qu’il reste de marbre ou qu’il fuie ses responsabilités, comme l’auraient fait tant de garçons de son âge. Tout mais pas ça. Alors que Vadim me déclare, à sa façon, son amour, son soutien sans faille, son envie de nous construire un avenir : je me sens trahie. Abandonnée. Désaimée. Je ne suis plus que le ventre renfermant l’enfant qu’il a toujours voulu avoir. Il ne me regarde même plus dans les yeux, il ne fixe que mon t-shirt. Trop tard : il l’aime déjà plus que moi. Je n’existe plus.

Alors je suis partie. J’ai tourné les talons et j’ai marché en direction de la maison. Lentement. Mais il ne m’a pas couru après, comme il le fait toujours. Il n’a pas cherché à me rattraper. Il ne m’a même pas dit qu’il m’aimait. Que je lui suffisais. Alors j’ai continué à marcher et j’ai continué à pleurer jusqu’à ce que je puisse m’enfouir sous ma couette et étouffer mes sanglots dans l’oreiller. Une main discrète a gratté à la porte. J’ai demandé à Lily de s’en aller. Mais c’est Basile qui s’est faufilé dans ma chambre et installé en tailleur au bout de mon lit.

– Je sais qu’on n’est pas très proches, Alma. Mais je t’entends pleurer de l’autre bout du couloir. Est-ce qu’il faut que j’aille casser la gueule à quelqu’un ?

– Non, ça ira, réponds-je en esquissant un sourire.

– Si ! C’est ce que les grands frères font, normalement. Défendre leur sœur. Ou les consoler quand elles pleurent. Mais ça je ne sais pas trop faire. Alors, c’est Arcadi ?

– Pas envie d’en parler. Tu peux me laisser ?

– Si tu veux, cède Basile, déçu. Mais un jour, il faudra qu’on parle du fait qu’on ne se parle jamais, toi et moi.

Il marche vers la sortie et je le trouve presque émouvant. Son grand corps maigre et maladroit, sa coupe de cheveux de petit garçon, ses épaules affaissées par le poids du secret. Alors qu’il saisit la poignée de ma porte, les mots sortent tout seul.