Un souffle dans la nuit

— Excuse-nous, Matt... souffla Erin.

Pour couronner le tout, Anson Jarboe observait la scène avec un ébahissement bien visible. Dans le couloir, Sandra contemplait le tout, les yeux gros comme des pastèques.

Matt avait rarement été aussi gêné de sa vie. Et qui s'en étonnerait? Ce n'était quand même pas tous les jours qu'un shérif en uniforme était surpris à embrasser passionnément une femme, les cheveux dégoulinant de citronnade.

Carly regardait, elle aussi, leurs spectateurs.

— Bonsoir ! lança-t-elle avec un aplomb que Matt ne put s'empêcher d'admirer.

Néanmoins, ayant la peau très pâle, son embarras n'en était que plus voyant. Le visage de Carly prit peu à peu la teinte de son t-shirt écarlate. Elle desserra l'étreinte de ses bras autour du cou de Matt. Elle imprima sur son torse une légère poussée du bout de ses doigts pour lui signifier qu'il devait maintenant la laisser partir.

Matt aurait bien voulu. Il aurait vraiment bien voulu. Il était tout à fait d'accord avec Carly. Le mieux aurait été qu'il la laisse partir et qu'elle sorte avec dignité. Mais il y avait un problème. Sous cet éclairage violent de bloc opératoire, si Carly s'éloignait d'un pas, tout un chacun pourrait constater de ses yeux l'état d'excitation dans lequel se trouvait le shérif Matt Converse.

Une telle exhibition ne manquerait pas de porter sa propre gêne à son comble, et sans doute aussi celle de l'auditoire.