Ô vous, frères humains

Albert, mon cher Albert, en lisant ton livre, oui je me permets de te tutoyer, toi l'enfant dépeint dans cet ouvrage tellement rude et tellement fort, puissant et touchant, qu'est-ce que je donnerai pas pour pouvoir te donner la main, te tirer de cette douleur absurde et brutal, et t'en soulager, te redonner pour quelques années un peu d'innocence.

Voilà mon ressenti à la fin de cette lecture, qui ne laisse pas indemne tant le sujet est encore toujours autant percutant et tellement proche de l'actualité. On ne peut pas s'empêcher de dire à Albert Cohen, que les choses ont changé, qu'on a essayé d'empêcher les atrocités et le racisme de se répandre sans toutefois y arriver complètement. Critique de cette forme d'hypocrisie d'amour du prochain, le jeune Cohen – et le plus vieux – nous amène dans une dédale de rues marseillaises, mêlant une confusion d'émotions, d'espoirs désillusionnés et une rupture atroce de l'innocence de ce pauvre garçon condamné par un maudit camelot et par une foule d'inconscients, de lâches moutons, pour quoi? pour un crime de naissance. L'humanité, post cette lecture m'écoeure.

Albert Cohen en puissance : livre très intéressant et très personnel, mais à enchaîner avec un auteur moins pessimiste...

Une rencontre qui change la vie !" J'aime cette phrase quand elle décrit une belle rencontre, positive, sympathique, heureuse. Je la déteste lorsqu'elle évoque le contraire.

Albert Cohen, enfant de 10 ans, rencontre un camelot qui par une phrase, un geste, lui révèle son identité de juif détesté. Et le ciel s'écroule. Et la vie s'écroule.

Cet enfant, auparavant naïf, joyeux, souriant découvre la Haine. En une seconde. C'est le choc. L'enfant erre, rumine, pleure, ne comprend pas, tente pourtant de laisser pointer un rayon d'espérance et d'amour, avant de s'écrouler à nouveau.

Je referme ce livre très émue. Jamais je n'ai ressenti de manière aussi forte ce qu'un enfant juif a pu (et peut toujours) ressentir face à la haine de ses frères humains. En théorie, je le sais. L'histoire du peuple juif, dans ses grandes lignes, je la connais. Mais là, les mots d'Albert Cohen - toujours aussi puissants par leur beauté et leur réalisme - m'ont fait vivre, au plus profond de mes tripes, la souffrance violente d'un être rejeté et haï. Et ça fait mal.

"Une rencontre qui change la vie..." C'est certain, ma rencontre avec Albert Cohen, à travers ses mots, n'a pas fini de me transformer.

Ce livre est une série de répétitions. Toujours, toujours, toujours.

C'est ce qui rend la lecture lourde et ce qui accentue un certain malaise. Comme quelqu'un l'a dit avant moi, quand Albert Cohen s'adresse aux antisémites, il parle aux lecteurs et on a l'impression qu'il nous accuse tous. Au début cela m'a mise mal à l'aise mais au final j'ai trouvé ça génial et je m'y suis abituée.

De plus les répétitions étourdissent le lecteur, et parfois je me perdais, j'avais l'impression de relire plusieurs fois le même passage. Et en fait on se perd dans les méandres de l'esprit du petit enfant de 10ans qui est lui-même étourdi, hébété.

En somme, même si ce livre ne m'a rien appris je pense qu'il est quand même intéressant pour la confrontation avec nous-mêmes qu'il fait naître.

L'auteur s'adresse directement à nous, ce qui, je dois l'avouer, m'a mise un peu mal à l'aise par moment, ayant l'impression qu'il nous accusait tous. Cela rend d'ailleurs le livre très poignant et laisse à réfléchir sur pleins de sujet (antisémitisme, la seconde guerre mondiale, l'amour du prochain...).

Un ouvrage touchant... Cette critique de l'antisémitisme est intéressante, on comprend bien que les français n'étaient pas aussi blancs que l'on veut le croire.. La preuve : déjà au début du XX ème siècle, l'antisémitisme sévissait.

Au cours de l'histoire, on en vient à plaindre cet enfant qui, plein de bonne volonté, encore innocent, se retrouve entre les mains du "blond camelot" qui remet tout en doute.

Un livre à lire!

Marseille, 16 août 1905. 15h05. Un petit garçon quitte le lycée après une leçon de rattrapage en mathématiques. Trois sous en poche, reçus en ce jour de son dixième anniversaire. Un attroupement dans la rue. Un camelot. Aimable et beau, vantant les mérites d’un produit miracle. Puis soudain haineux et laid. Les ricanements des badauds. Et la vie de l’enfant bascule à jamais. De confidences en désespoirs. De révoltes en supplications. Une marche

éperdue dans la ville. Et sur les murs, ces mots à la craie qui claquent comme une gifle. Mort aux juifs. Le petit garçon ne rentrera chez lui qu’au milieu de la nuit.