Bungou Stray Dogs (light novel), tome 8 : Stormbringer

Avec ses quelques 330 pages, ce light novel ne mérite plus vraiment ce nom, c'est un vrai roman. Dans l'épilogue, Asagiri explique que même si ce bouquin a été difficile à écrire pour lui, il a adoré explorer le personnage de Chuya et son passé, et cela se sent clairement.

L'angle choisi est celui de l'identité : être ou ne pas être humain est la question centrale de l'intrigue. La réponse à cette question définit totalement la place que l'on occupe dans le monde. Et à leur façon, chaque personnage principal apporte sa propre réponse.

Deux d'entre eux sont persuadés de ne pas être humains. D'un côté, on a Adam, une intelligence artificielle européenne dont le rêve est de fonder une agence de détectives androïdes visant à protéger les humains. Il sait qu'il n'est pas humain, mais il a trouvé sa raison de vivre et doit protéger Chuya puisque c'est sa mission. De l'autre, Verlaine, une singularité, un pouvoir qui prend l'apparence d'un être humain mais qui n'en est pas un. Être un simulacre lui cause une extrême souffrance, dont il ne peut échapper qu'en détruisant le monde, et en partageant sa solitude avec Chuya. Le troisième sait parfaitement qu'il est humain : Dazai. Si la question ne se pose pas vraiment pour lui, il doit malgré tout trouver un moyen d'arrêter Verlaine, ce qui est loin d'être gagné.

Entre eux se trouve Chuya, qui cherche à comprendre qui il est, mais qui doit aussi trouver sa place vis-à-vis de Verlaine. Au départ ennemi haï, petit à petit l'intrigue l'amène à dépasser ces sentiments hostiles et à comprendre ce que son aîné traverse.

Par rapport à Fifteen, le sujet est largement mieux traité, mais j'ai trouvé le combat final en trois phases bien trop long, si bien que j'ai décroché vers la fin. La conclusion de l'histoire de Chuya est cependant bien écrite, et sa relation avec Verlaine évolue dans le bon sens. Le traitement de cet antagoniste est finalement assez différent des autres antagonistes des light novels : son rôle n'est pas tant d'être un obstacle que Chuya doit surmonter, que d'être la pierre angulaire autour de laquelle le personnage de Chuya se construit. Ces deux personnages sont fascinants lorsqu'ils interagissent.

J'ai également eu un gros coup de cœur pour Spoiler(cliquez pour révéler)Mary Shelley, même si elle n'apparaît pas beaucoup, les quelques pages qui lui sont consacrées montrent une personnalité riche et haute en couleurs. Sans doute mon personnage préféré de ce roman. J'ai enfin beaucoup beaucoup apprécié toutes les informations sur l'Europe que ce roman apporte. Jusque là, je trouvais que le Vieux Continent manquait parfois un peu de contexte (où placer Gide et sa guerre, par exemple ?), mais l'esquisse qui nous en est proposée semble indiquer un lieu où la science et les pouvoirs sont extrêmement développés. De quoi développer de belles intrigues en relation avec le Japon par la suite si l'auteur le désire.

Franchement très bon roman. J’ai lu ce light novel en premier car on m’avait dit qu’il était intéressant niveau théories de la suite de l’histoire (et franchement, oui !). C’est une très bonne plume que j’ai vu ici, ce n’est pas avec tous les mangas qu’on voit de bons romans alors je suis contente x) C’est aussi très intéressant, ça nous permet d’apprendre des choses en dehors du manga, ici sur Chuuya, sans que ce soit trop répétitif à l’histoire principale, bien qu’on y voit quelques éléments. J’espère qu’on en parlera aussi un peu dans le manga, sur (spoiler de la page 3 (planche), littéralement)Spoiler(cliquez pour révéler)le grand frère de Chuuya, Paul Verlaine. J’ai d’ailleurs encore aimé ce clin d’œil à la littérature, car le poète Chuuya Nakahara envoyait des poèmes à Paul Verlaine ! .