Le Vent d'ailleurs

Avant terremer, j'avais lu beaucoup de fantasy et j'ai fini par m'en lasser, toujours les mêmes batailles épico-médiévales, la même trajectoire du héros découvrant le monde, les mêmes oppositions manichéennes entre deux camps arrangés à toutes les sauces.

Ursula le Guin change complétement de paradigme pour retrouver une poésie des éléments : le vent de Gont, le Bosquet, l'herbe d'Atuan, la barque d'Epervier. La magie s'inscrit dans les éléments, dans l'harmonie d'un monde moins belliqueux, où l'épique est remplacé par le quotidien et où les traditionnels dragons et voyages ne sont plus prétextes à d'interminables péripéties mais à des événements guérisseurs.

C'est avec un peu de tristesse mais beaucoup de douceur que je referme le dernier tome du cycle de Terremer. Suivre Ged et Tenar à travers leurs aventures fut un réel plaisir. J'ai aimé retrouver Lebannen, le jeune roi devenu adulte, mais aussi Tehanu ou Irien.

Décidément, mes tomes préférés restent ceux où Tenar est présente (les tombeaux d'Atuan, Tehanu et le vent d'ailleurs) car elle apporte beaucoup de sagesse et d'émotion dans l'histoire. Ses discours féministes, sa volonté et sa franchise en font un modèle très intéressant et rare en fantasy.

J'ai beaucoup aimé comment Ursula K. Le Guin conclut cette saga, avec une poésie douce-amère. Je sais déjà que je vais retrouver son style d'écriture dans le cycle de l'Ekulen.

Pour ce dernier volume du cycle de Terremer (le sixième et non le quatrième, même si certains éditeurs ont fusionné les romans de la trilogie originelle), nous découvrons Aulne, sorcier raccommodeur, qui arrive de Roke à la recherche de Ged. Après avoir perdu sa femme, le jeune homme fait des rêves terrifiants où il marche dans le pays des morts : ceux-ci s’approchent dangereusement de lui et s’apprêtent à franchir le mur qui les sépare des vivants. Aucun d’eux ne réagit à sa présence, sauf sa femme Lys, mais Aulne se réveille avant que la frontière entre les vivants et les morts n’ait été détruite.

Aulne n’ose plus dormir. Il est allé à Roke pour demander de l’aide aux Mages qui ont tenté de le secourir en vain, puis lui ont recommandé de solliciter Ged. Celui-ci décide de se tourner vers Tenar qui est auprès du roi Lebannen.

S’en suit un long voyage vers Havnor où ils rencontreront des personnages marquants de Terremer, alors même que les dragons attaquent les fermes des Hommes aux confins du pays. Aulne n’est pas le seul à faire des rêves terrifiants sur les morts ; et c’est tout l’univers de Terremer qui est perturbé par le déséquilibre de la magie. Tehanu et Iren, les femmes-dragons, les accompagneront dans un périple à la recherche de la clef de ce mystère.

Conte chargé en symbolique, explorant les mythes sur l’origine des peuples de Terremer, l’incompréhension entre les populations, le conflit entre les hommes et les dragons, les croyances, la magie et la puissance des mots, ce récit clôt le cycle de l’auteure et les chemins entamés par Ged, Tenar et Tehanu.

On retrouve la plume évocatrice et ciselée de Ursula le Guin, qu’on lit pour la richesse d’un monde qu’on ne quittera pas complètement… puisque l’auteure a écrit deux dernières nouvelles de Terremer peu de temps avant sa mort.

Encore un tome très beau et poétique. J'adore vraiment l'univers de Terremer magnifiquement décrit par la plume de l'autrice. Les personnages ne sont pas en reste non plus car ils sont détaillés et très attachants. J'ai bien aimé connaître la fin de l'histoire et je trouve ça particulièrement intéressant d'avoir pu suivre l'histoire de Ged sur une si longue période.

Terremer est vraiment un univers magique !

C'est avec tristesse que j'ai refermé ce dernier tome d'un cycle qui m'aura captivée de bout en bout. Je m'y attendais, j'ai trainé pour le commencer, j'ai même lu des nouvelles entre deux chapitres pendant sa lecture mais il fallait quand même bien en finir pour de bon.

J'aime beaucoup cette fin qui nous laisse sur un sentiment de "nouveau départ" en bouclant toutes les intrigues lancées au fil des autres tomes et même si je suis triste de quitter Épervier et Tenar, Lebannen, Tehanu et tous les autres, force est de constater que chacun a accompli sa destinée et qu'il est effectivement temps que le cycle se termine. Il n'empêche que, comme Ursula Le Guin l'explique elle-même dans son processus d'écriture, on aurait aimé pouvoir retourner jeter un œil de temps en temps pour voir ce que chacun devenait.

Un cycle que je relirai sans doute dans plusieurs années, juste pour me replonger dans son univers si particulier et envoutant.

Une très belle conclusion pour cette superbe série, qui a su se développer et évoluer tout en gardant ses bases. La narration est toujours excellente, avec un langage aux nuances variées, et à la puissance suggestive très forte. Dans ce tome, différents éléments scénaristiques des précédents tomes qui n'avaient jusque là qu'une valeur symbolique retrouvent des significations insoupçonnées. La poésie est toujours très présente, et tout cela renforce grandement ce monde de Terremer.

Il est cependant intéressant de noter que le traitement des personnages et de l'intrigue a bien évolué, et l'on est passé d'un style très contemplatif à quelque chose de plus vivant et dynamique.

Finalement, c'était un cycle très sympathique, qui m'a donné envie de poursuivre l'expérience avec le film de Goro Miyazaki.

Le vent d'ailleurs conclut la série d'Ursula le Guin consacrée à Terremer. Comme de coutume avec les fins de cycle (mais s'agit-il seulement encore d'un cycle ici quand on voit avec quelle finesse les destins des personnages tissent une trame aussi profonde que kaléidoscopique ?)

On entre dans le roman par la personne du mage Aulne, hanté chaque nuit par le mur qui séparent le monde des vivants de celui où reposent les morts. Aulne sera notre guide dans ce livre, ses rencontres créeront des associations et la communauté des personnages ainsi associés dans le destin d'Aulde conduira le livre jusqu'à sa fin, déterminant les tenants et aboutissants du monde tissé par Ursula le guin. Magnifique monde qu'on quitte avec tristement