Le Fils de Sobek

Fin de l'histoire (traduction)

Une demi-heure plus tard, nous étions assis dans un restaurant près de l'autoroute de Montauk. Je partageais le reste de ma portion de guérison avec Percy, qui insitait en la nommant "nectar". La plupart de nos blessures étaient guéries.

Nous avons attaché le crocodile dans les bois à l'aide du laisse de fortune en attendant de savoir quoi faire de lui. Nous nous sommes arrangés de mieux que nous pouvions mais les gens nous regarder toujours comme si nous avions pris une douche dans une station de lavage qui présentait un dysfonctionnement. Les cheveux de Percy étaient balayés d'un côté, emmélés avec des morceaux d'herbe. L'avant de son tee-shirt orange était déchiré.

Je suis certain que je n'avais pas meilleure allure. J'avais de l'eau plein les chaussures et je continuais à ramasser des plumes qui trainaient sur mes manches (les transformations express peuvent être salissante).

Nous étions trop fatigué pour parler lorsque nous avons entendu les informations à la télévision du comptoir. La police et les pompiers étaient intervenus pour une histoire de monstre des égouts. En réalité, la pression s'était accumulée dans les tuyaux de drainage, provoquant une gigantesque explosion et une érosion du sol si rapide que certaines maisons assez proches s'étaient effondrées. C'était un miracle qu'aucun résident n'ai été blessé. Les enfants du coin racontaient des histoires irréalistes sur le monstre de Long Island. Celui-ci aurait causé tous ses dégats en affrontant deux adolescents mais les fonctionnaires ne les ont pas cru. Le journaliste avait admis que certaine maison s'étaient effondrées comme si "quelque chose de lourd les avaient écrasée".

"Un accident provoqué par un monstre des égoux" dit Percy, "C'est une première"

"Pour toi, peut-être" dis-je en soupirant, "Je provoque ce genre de choses à chaque endroit où je me rend"

"Rassure toi" dit-il, "Je paye le déjeuner"

Il fouilla dans les poches de son jean et n'en ressortit qu'un stylo à bille. Rien de plus.

"Oh ..." Son sourire s'effaca. "Heu... en fait ... ça te dérangerais de payer ?"

Bien , naturellement, je devais payer le déjeuner. Je pouvais sortir de l'argent n'importe où puisque j'avais des réserves dans la Douat avec mon matériel d'urgence, donc en peu de temps, nous avions des cheeseburgers et des frites en face de nous, et la vie reprenait son cours.

"Les cheeseburgers" déclara Percy, "C'est de la nourriture divine"

"Je suis d'accord" dis-je, mais quand je lui jettais un coup d'oeil, je me demandais s'il pensait la même chose que moi : que nous ne parlions pas des mêmes dieux.

Percy avala son cheeseburger. Sérieusement, ce gars arrivait à manger. "Alors, pour le collier" dit-il, entre deux bouchées. "C'est quoi l'histoire ?"

J'ai hésité. Je ne savais toujours pas d'où venait Percy ni ce qu'il était, et je n'étais pas certain de vouloir le savoir. Maintenant que nous avions combattu côte à côte, je ne pouvais pas m'empecher de lui faire confiance. Pourtant, je sentais que nous marchions sur un terrain dangereux. Tout ce que nous dirions pourrait avoir de graves conséquences - et pas uniquement pour nous deux mais également pour nos deux mondes.

Je me sentais exactement comme il y a deux ans, quand mon oncle Amos m'a révélé la vérité sur l'héritage de la famille Kane : la Maison de Vie, les dieux egyptiens, la Douat, tout. En une journée, mon monde s'était considérablement développé et m'a laissé grogis.

Maintenant, je me sentais exactement pareil. Mais si mon monde grandissait encore, j'avais peur que mon cerveau n'explose.

"Le collier est enchanté" dis-je, enfin. "Tout les crocodiles qui le portent se transformeront en un prochain petsuchos, le fils de Sobek. Ce petit crocodile l'a obtenu autour de son cou quelque part.

"Tu veux dire que quelqu'un lui a mis autour du cou ?" demanda Percy.

Je ne voulais pas imaginer cela mais hocha la tête à contrecoeur.

"Alors, qui ?" demanda-t'il.

"Difficile à dire" lui répondis-je. "J'ai beaucoup d'ennemis"

Percy renifla : "Je peux comprendre cela. Alors aucune idée de la raison ?"

J'ai pris une autre bouchée de mon cheeseburger, mais je n'arrivais pas à l'apprécier.

"Quelqu'un a voulu causer des ennuis" tentais-je. "Je crois que ..." j'ai jugé Percy en faisant attention à chacun des mots que je prononcé : "Peut-être qu'une personne voulait semer le trouble en attirant notre attention. Notre attention à tous les deux".

Percy fronça les sourcils. Il dessina quelque chose dans son ketchup à l'aide d'une frite : pas un hiéroglyphe. Une lettre non-anglaise. Grecque, devinais-je.

"Le monstre avait un nom grec" dit-il. "Il mangeait les pégases dans ..."

"Dans le gazon de votre maison" terminais-je. "Une sorte de Colonie, à en juger par ton tee-shirt".

Il se déplaca sur son tabouret de bar. Je n'arrivais toujours pas à croire qu'il parlait des pégases comme s'ils étaient réels mais j'ai encore le souvenir d'avoir vu un cheval aîlé dans le ciel de Manhattan. A l'époque, Sadie m'avait dit que j'étais fou. Maintenant, je pense que non.

Finalement, Percy me fit face : "Ecoute Carter. Tu es loin d'être aussi ennuyeux que je pensais. Puis, nous avons fait une très bonne équipe aujourd'hui, mais ..."

"Tu ne vas pas partager tes secrets ?" dis-je. "Ne t'inquiête pas. Je ne vais pas poser de question sur ta Colonie ou sur tes pouvoirs. Rien de tout cela. "

Percy fronça les sourcils : "Tu n'es pas curieux ?"

"Je suis très curieux. Mais jusqu'à ce que l'on comprennent ce qui se passe, je pense qu'il vaut mieux que nous gardions nos distances. Si quelqu'un.. ou quelque chose a amené ce monstre ici, en sachant qu'il attirerait notre attention à tout les deux...".

"Alors il a certainement voulu qu'on se rencontrent" reprit-il. "En espérant que cela tourne au vinaigre"

J'ai hoché la tête. Je pensais au sentiment de malaise que j'avais eu dans mes trippes plus tôt - la voix dans ma tête me disant de ne rien dire à Percy. J'en suis venu à respecter ce gars, mais j'ai toujours le sentiment que nous ne devrions pas être amis. Nous ne devrions même pas nous tenir si proche l'un de l'autre.

Il y a longtemps, quand j'étais gamin, je regardais ma mère faire une expérience avec certains de ses étudiants.

"Le potassium et l'eau", disait-elle."Indépendants, ils sont totalement indépendants, mais ensemble ..."

Elle laissait tomber le potassium dans un bécher d'eau et Bam ! Les élèves reculaient en arrière après avoir assisté à une explosion mignature à l'intérieur du bécher.

Percy était l'eau. J'étais le potassium.

"Mais nous nous sommes rencontrés aujourd'hui" dit Percy. "Tu sais que je vis ici, à Long Island. Je sais que tu vis à Brooklyn. Si nous devions aller chercher l'autre ..."

"Je le déconseille" dis-je. "Pas avant d'en savoir plus. J'ai besoin de faire des recherches sur certaines choses de .. heu.. mon côté- essayer de comprendre qui est à l'origine de cet incident de crocodile"

"Très bien" confirma Percy. "Je ferrais la même chose de mon côté"

Il montra le collier petsuchos, qui scintillait à l'arrière de mon sac à dos. "On en fait quoi ?"

"Je peux l'envoyer dans un endroit sûr" promis-je. "Il ne causera plus de problèmes. Nous nous occupons de nombreuses reliques comme celle-ci."

"Nous ?" dit Percy. "Tu veux dire qu'il y a beaucoup de personnes ... comme toi ?"

Je n'ai pas répondu.

Percy leva les mains : "Très bien. Je ne demande pas. J'ai des amis à la Colo... heu.. de mon côté, qui adorait bricoler un collier comme celui-là, mais je vais te faire confiance. Prend-le."

Je n'avais même pas réalisé que je retenais mon souffle avant de m'exclamer : "Merci... Bien"

"Et le bébé crocodile ?" demanda-t'il.

J'ai réussi à émettre un rire nerveux : "Tu le veux ?"

"Par les dieux ! Non !"

"Je peux le prendre, lui offrir un bon foyer". Je pensais à notre grande piscine, à la Maison de Brooklyn. Je me demandais si notre crocodile géant Phillipe de Macédoine adorerait avoir un ami : "Ouais, ça sera parfait !"

Percy n'avait pas l'air de savoir quoi penser de tout cela : "Bon, et bien ..." Il me tendit sa main : "Joli travail avec toi, Carter"

Nous nous sommes serrés la main. Pas d'étincelles. Pas de tonnerre grondant. Mais je ne pouvais pas m'empecher de penser que nous avions ouvert une porte : une porte que nous ne serrions plus en mesure de refermer.

"De même, Percy"

Il s'apprêtait à s'en aller : "Une dernière chose" dit-il. "Si ce quelqu'un ... celui qui a voulu qu'on se croisent ... si c'est un ennemi commun et si nous avons besoin de l'aide de l'autre ? Comment puis-je te contacter ?"

J'ai réfléchi à cela. Puis j'ai pris ma décision : "Puis-je écrire quelque sur ta main ?"

Il fronça les sourcils : "Genre ton numéro de téléphone ?"

"Heu.. et bien, pas exactement" Je sortis mon stylet et un flacon d'encre magique. Percy tendit sa main. J'y ai dessiné un hiéroglyphe : l'Oeil d'Horus. Dès que le symbole était complet, il brilla d'une lueur bleue puis disparu.

"Il te suffit de dire mon nom" lui dis-je. "Et je t'entendrait. Je serais exactement où tu es et je viendrais te voir".

Percy examina sa paume vide : "Je te fais confiance sur le fait que ce n'est pas une sorte de radard magique"

"Ouais" dis-je. "Et je te fais confiance sur le fait que quand tu m'appeleras, ça ne sera pas pour m'attirer dans une sorte de guet-apens"

Il m'observa. Ses yeux verts orageux étaient vraiment effrayants. Puis il me sourit, et il ressemblait à n'importe quel adolescent normal, sans soucis.

"Tu sais" dit-il. "Quand je te vois, Ca.."

"Ne dis pas mon nom !!"

"C'était juste pour te faire marcher" Il me pointa du doigt tout en me faisant un clin d'oeil. "Reste étrange, mon ami"

Puis, il a disparu.

Une heure plus tard, j'étais de retour à bord de mon bateau aéroporté avec le bébé crocodile et le collier magique ainsi que Freak, volant vers la Maison de Vie à Brooklyn.

Maintenant, en repensant à cette journée, cette rencontre avec Percy me semblait si irréel que je me suis demandé si elle avait vraiment eu lieu.

Je me demandais comment Percy invoquait ces tourbillons, et par le diable ! Que-ce que c'est le bronze céleste ?

Mais surtout, un mot ne cessait de me revenir en tête : demi-dieux.

J'avais le sentiment que je pourrais trouver les réponses en faisant des recherches assez poussées mais j'avais peur de ce que j'allais y découvrir.

Pour le moment, je ne pourrais en parler qu'à Sadie. Au début, elle va penser que je plaisante. Et bien sûr, elle va vraiment m'embeter, mais elle sait aussi quand je dis la vérité. Aussi ennuyeuse qu'elle est, je lui fais confiance (je ne lui dirais jamais en face).

Peut être qu'elle aura une idée sur ce que nous devrions faire.

Celui qui a voulu que Percy et moi nous nous rencontrions, celui qui a fait en sorte que nos chemins se croisent ... ça sent le Chaos tout ça ! Je ne peux m'empecher de penser que c'était une expérience pour voir quel genre de mélange explosif en résulterait. Le potassium et l'eau. La matière et l'anti-matière.

Heureusement, les choses se sont bien finies. Le collier petsuchos est vérouillé, loin d'ici. Le bébé crocodile barbote joyeusement dans notre piscine.

Mais la prochaine fois, je crains que nous ne soyions pas aussi chanceux.

Quelque part, il y a un garçon nommé Percy avec un hiéroglyphe secret sur sa main. Et j'ai le sentiment que, tôt ou tard, je vais me réveiller au milieu de la nuit et j'entendrais un mot, dis de façon urgente dans mon esprit : Carter.

Fin !